
Le 7 octobre 2025, dans un contexte politique particulièrement tendu, le président de Madagascar, Andry Rajoelina, a procédé à la nomination du général Ruphin Fortunat Zafisambo au poste de Premier ministre. Cette décision survient après plusieurs semaines de contestations populaires, notamment du mouvement « Genz », qui a secoué la nation en réclamant la démission du président et une refonte du système politique en place. L’arrivée de ce militaire à la tête du gouvernement suscite des interrogations sur l’état de la démocratie malgache et sur la réponse de l’exécutif aux revendications citoyennes.
Les manifestations, qui ont débuté au mois de septembre, ont été largement alimentées par des frustrations profondes concernant la gestion de la crise économique, la pauvreté croissante et les inégalités sociales. Le mouvement « Genz », composé en grande partie de jeunes, a émergé comme un acteur clé des protestations. Ils ont réclamé non seulement la démission d’Andry Rajoelina, mais aussi des réformes structurelles permettant d’instaurer un véritable système démocratique, capable de répondre aux défis économiques et sociaux du pays.
La nomination du général Zafisambo est donc perçue par certains comme une tentative de restaurer l’ordre, voire de calmer une situation de plus en plus volatile. En tant qu’ancien responsable de l’armée, Zafisambo jouit d’une réputation de fermeté, ce qui pourrait signaler une volonté du président de faire face à la situation par une approche plus autoritaire. Cependant, l’impact de cette décision sur la stabilité du pays reste incertain. En effet, la mise en place d’un gouvernement dirigé par un militaire pourrait être interprétée comme un signe d’affaiblissement de l’ordre démocratique, d’autant plus que la nomination d’un Premier ministre militaire survient dans un contexte de contestation populaire où la question de la légitimité du pouvoir est au centre des débats.
Il est important de souligner que Madagascar, bien qu’étant une république constitutionnelle, a connu de multiples crises politiques et sociales au cours des dernières décennies. Les contestations populaires actuelles s’inscrivent dans un climat de méfiance vis-à-vis des dirigeants politiques, dont beaucoup sont perçus comme déconnectés des réalités quotidiennes des citoyens. Le mouvement « Genz », par ses revendications, a mis en lumière un profond malaise populaire et un désir de renouvellement politique.
Ainsi, la nomination de Zafisambo pourrait être vue comme une tentative du président de rassurer la population, mais elle risque aussi d’alimenter les critiques sur le manque de réelles avancées démocratiques. La question demeure de savoir si ce changement de direction pourra apaiser les tensions et répondre aux attentes des Malgaches, ou si, au contraire, il exacerbera davantage les divisions au sein du pays. En fin de compte, ce geste symbolique pourrait s’avérer déterminant pour l’avenir de la démocratie à Madagascar, à un moment où la population semble plus que jamais en quête de justice sociale et de réformes véritables.









