Home AFRIQUE Madagascar : la rue gronde et exige le départ du président Andry Rajoelina

Madagascar : la rue gronde et exige le départ du président Andry Rajoelina

Andry Rajoelina, président malgache

Depuis le début de la semaine, Madagascar connaît une montée de tension inédite avec des manifestations massives réclamant le départ du président Andry Rajoelina. Mardi, 30 septembre, des milliers de manifestants ont investi le quartier central d’Ambohijatovo à Antananarivo, un espace jusqu’alors inaccessible aux mouvements de contestation. Selon l’ONU, ces manifestations ont déjà fait au moins 22 morts. La réaction des forces de l’ordre, armées de gaz lacrymogènes et d’un véhicule blindé, n’a pas suffi à disperser la foule, qui entend prolonger la mobilisation tant que ses revendications ne seront pas satisfaites.

Ces événements surviennent dans un contexte économique difficile. Madagascar, l’une des nations les plus pauvres de l’océan Indien, fait face à des infrastructures fragiles, avec des coupures récurrentes d’eau et d’électricité, qui alimentent en partie la colère populaire. La croissance économique du pays, bien que soutenue ces dernières années par des investissements étrangers dans le secteur minier et le tourisme, reste insuffisante pour améliorer significativement le niveau de vie de la majorité des Malgaches. Le chômage et l’inflation restent des défis persistants, et les inégalités régionales accentuent la frustration dans la population urbaine et rurale.

La contestation actuelle ne se limite pas aux questions économiques. Elle met également en lumière les fragilités démocratiques de l’île. Le président Rajoelina, arrivé au pouvoir en 2009 à la suite d’un soulèvement populaire qui avait renversé Marc Ravalomanana, est lui-même issu d’un contexte de contestation. Cette trajectoire historique rappelle la récurrence des mouvements populaires à Madagascar comme levier de changement politique, mais soulève aussi la question de la consolidation démocratique. Les institutions restent vulnérables face aux pressions sociales et politiques, et les décisions exécutives, comme le limogeage récent du gouvernement, sont perçues par certains comme des mesures de désamorçage de crise plutôt que comme des réformes structurelles durables.

Le mouvement Gen Z, moteur des manifestations actuelles, illustre l’émergence d’une jeunesse connectée et mobilisée sur les réseaux sociaux, capable de s’organiser rapidement et de faire entendre ses revendications. La suite des événements dépendra de la capacité du gouvernement à répondre à la fois aux besoins économiques urgents et aux aspirations démocratiques de la population. Dans un pays où l’histoire politique a souvent été marquée par des coups d’État et des soulèvements populaires, Madagascar se trouve à nouveau à la croisée des chemins entre stabilité et transformation

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