Une figure de la société civile ivoirienne, Pulcherie Gbalet, a appelé vendredi à « une véritable réconciliation » nationale, deux jours après sa libération de prison où elle vient de passer huit mois, notamment pour « incitation à la révolte ».
Cet appel concerne « tous les acteurs politiques et ceux de la société civile », a indiqué Mme Gbalet lors d’une conférence de presse à Abidjan. « La réconciliation est en principe un vaste programme qui inclut notamment « la libération de tous les prisonniers politiques » et « le retour sécurisé des exilés », a-t-elle estimé.
Elle a espéré que le troisième mandat du président Alassane Ouattara contre lequel elle s’est battue et « qui a fait tant de victimes, sera celui de la vraie réconciliation sans ruse et sans faux fuyant ».Pulcherie Gbalet, présidente d’Alternative citoyenne ivoirienne (ACI) proche de l’opposition, a été remise en liberté provisoire mercredi après huit mois de détention préventive à la Maison d’arrêt et de correction d’Abidjan (Maca), pour « incitation à la révolte, appel à une insurrection, troubles à l’ordre public, violences et voies de faits ». Elle remercié tous ceux qui, en Côte d’Ivoire et à l’étranger, ont œuvré à sa libération, dont « le président de la République française » et le « député français Michel Larive de la France insoumise ». A l’appel de l’opposition et d’organisations de la société civile dont ACI, des manifestations interdites liées à l’annonce de la candidature à un troisième mandat du président Ouattara, avaient dégénéré en violences pendant trois jours.
Ces violences ont fait « six morts, une centaine de blessés, 1.500 déplacés internes, 69 personnes interpellées, ainsi que de nombreux dégâts matériels », selon un bilan officiel. M. Ouattara a été réélu en octobre 2020 pour un troisième mandat controversé lors d’une présidentielle boycottée par l’opposition ayant donné lieu à une crise électorale qui a fait une centaine de morts et un demi-millier de blessés entre août et novembre 2020. La tension est néanmoins retombée, les élections législatives de mars s’étant déroulées dans le calme et avec la participation de l’opposition.
Début avril, le président Ouattara a annoncé que son prédécesseur Laurent Gbagbo, définitivement acquitté de crimes contre l’humanité par la justice internationale, était libre de rentrer en Côte d’Ivoire depuis Bruxelles où il vit actuellement quand il le souhaitait.
Des exilés pro-Gbagbo sont attendus vendredi à Abidjan après un exil de dix ans au Ghana voisin. Ils avaient fui leur pays après une grave crise post-électorale qui avait fait 3.000 morts, liée au refus de Laurent Gbagbo de reconnaître sa défaite face à Alassane Ouattara à la présidentielle de 2010.
AFP