Les épines et les pierres sous les pieds n’ont pas arrêté la jeune femme alors qu’elle chargeait à travers les fourrés, bébé attaché dans le dos, fuyant les militants armés qui l’avaient enlevée avec des dizaines d’autres dans le nord du Burkina Faso la semaine dernière.
Maintenant de retour chez elle dans la ville d’Arbinda avec quelques-uns qui ont également réussi à s’échapper, la jeune femme de 20 ans, qui a demandé à rester anonyme par crainte pour sa sécurité, a raconté l’épreuve qui a commencé lorsque des inconnus ont tiré des coups de feu puis se sont enfermés dans sur elle alors qu’elle parcourait la brousse à la recherche de nourriture.
Les autorités du Burkina Faso ont déclaré qu’une cinquantaine de femmes avaient été enlevées les 12 et 13 janvier dans le district d’Arbinda, qui fait partie de la province agitée du Soum – une nouvelle tactique des insurgés islamistes dont les attaques brutales ravagent le pays d’Afrique de l’Ouest.
L’évadé a déclaré que les militants avaient forcé les femmes à marcher dans la brousse pendant une journée entière.
« Le lendemain matin, ils nous ont rassemblés à nouveau… C’est à ce moment-là que certains d’entre nous ont décidé de prendre un risque. Ceux qui ont eu de la chance ont réussi à s’échapper« , a-t-elle déclaré.
Sa mère de 40 ans est toujours aux mains des djihadistes, a-t-elle dit.
Un autre survivant, qui n’a pas souhaité être nommé, a déclaré à Reuters que les ravisseurs avaient rassemblé des femmes en groupes et leur avaient fait garder des moutons volés pour déguiser ce qui se passait.
« J’ai réussi à me cacher dans un ravin avec une autre (femme) », a déclaré la deuxième femme. « Nous sommes rentrés au village à la tombée de la nuit. D’autres sont revenus le lendemain matin« , raconte-t-elle.
L’insurrection liée à Al-Qaïda et à l’État islamique s’est propagée au Burkina Faso depuis le Mali voisin en 2015. Les djihadistes se sont emparés de vastes étendues de territoire dans la région du Sahel en Afrique de l’Ouest au cours de la dernière décennie et continuent de gagner du terrain.
Des milliers de personnes ont été tuées et plus de 2,7 millions déplacées par les troubles, qui ont contribué à l’insécurité alimentaire croissante et au mécontentement qui a conduit à des coups d’État militaires au Mali et au Burkina Faso.
Le nord aride du Burkina Faso, foyer d’activités djihadistes, a été particulièrement touché. Les insurgés y ont bloqué des routes et attaqué des convois livrant des fournitures aux citoyens pris au piège.
Les manifestants ont défilé à Arbinda lundi pour demander aux autorités d’envoyer plus de nourriture, après quoi ils ont largué quelques provisions.
Les rescapés ont pris part à la manifestation.
« Quand je pense aux autres… je n’arrive pas à dormir », a déclaré l’un d’eux. « Je ne sais pas quel sera leur sort. Survivront-ils ? »
Reuters
