Les belligérants soudanais se sont battus vendredi dans la capitale après l’échec des pourparlers pour maintenir un cessez-le-feu et apaiser une crise humanitaire, incitant les Etats-Unis à imposer des sanctions.
Les habitants de Khartoum et d’Omdurman de l’autre côté du Nil ont déclaré que l’armée avait repris les frappes aériennes et utilisait davantage d’artillerie, mais ont déclaré qu’il n’y avait aucun signe que les Forces de soutien rapide (RSF) paramilitaires se retiraient des rues et des maisons qu’elles occupaient.
« Nous souffrons tellement de cette guerre. Depuis ce matin, il y a des bruits de violence. Nous vivons dans la terreur. C’est un vrai cauchemar« , a déclaré Shehab al-Din Abdalrahman, 31 ans, dans un quartier sud de la capitale. .
Sept semaines de guerre entre l’armée et RSF ont détruit des parties du centre de Khartoum, menacé de déstabiliser l’ensemble de la région, déplacé 1,2 million de personnes à l’intérieur du Soudan et envoyé 400 000 autres dans les États voisins.
Les États-Unis et l’Arabie saoudite ont suspendu jeudi les pourparlers de trêve après la rupture d’un cessez-le-feu qu’ils avaient négocié, accusant les parties d’occuper des maisons, des entreprises et des hôpitaux, de mener des frappes aériennes et des attaques et d’exécuter des mouvements militaires interdits.
Washington a imposé des sanctions aux entreprises appartenant à l’armée et aux RSF et a menacé de nouvelles actions « si les parties continuent à détruire leur pays« , a déclaré un haut responsable américain.
L’armée a déclaré vendredi qu’elle était « surprise » par la décision américaine et saoudienne de suspendre les négociations après avoir fait des propositions pour la mise en œuvre de l’accord, accusant les RSF de violations de la trêve. Le RSF a blâmé l’armée.
L’ambassadeur du Soudan à Washington, Mohamed Abdallah Idris, a déclaré que le gouvernement et l’armée restaient attachés à la trêve et que toute sanction devrait être « imposée à la partie qui ne respecte pas ce qu’elle a signé » – une référence à la RSF.
LES RÉFUGIÉS FUIENT AU TCHAD
Depuis le renversement du dirigeant de longue date Omar el-Béchir en 2019, le gouvernement soudanais est dirigé par un conseil souverain dirigé par le chef de l’armée Abdel-Fattah al-Burhan avec le chef de la RSF Mohamed Hamdan Dagalo, dit Hemedti, comme adjoint.
Après leur entrée en guerre le 15 avril, Burhan a déclaré qu’il avait renvoyé Hemdti du conseil, et les départements gouvernementaux sont restés alignés sur l’armée.
En dehors de Khartoum, les pires combats ont eu lieu dans la région du Darfour, où une guerre civile couve depuis 2003, tuant environ 300 000 personnes.
Plus de 100 000 personnes ont fui les attaques des milices au Darfour, dans l’ouest, vers le Tchad voisin depuis le début des derniers combats, et ce nombre pourrait doubler au cours des trois prochains mois, a déclaré jeudi l’agence des Nations Unies pour les réfugiés, le HCR.
Les efforts de trêve visaient à fournir de l’aide aux civils pris dans une guerre qui a entraîné des violences meurtrières, des réseaux d’électricité et d’eau désactivés, des hôpitaux en ruine et entravé la distribution de nourriture.
Les travailleurs humanitaires au Soudan affirment que des combats acharnés, des pillages endémiques et des tonnes de formalités administratives entravent les efforts d’aide. Les Nations Unies ont appelé toutes les parties à respecter le travail humanitaire.
Le PAM a déclaré avoir enregistré des pertes de plus de 60 millions de dollars depuis le début des combats. Le HCR a déclaré que deux de ses bureaux à Khartoum avaient été pillés et que son entrepôt à El Obeid avait été pris pour cible jeudi.
Les habitants de Khartoum se préparent à d’autres problèmes.
Depuis hier, un réseau de télécommunications est en panne. Aujourd’hui, un autre est en panne. Le courant est coupé mais l’eau est revenue.
Reuters
