Les Etats-Unis ont appelé jeudi le président du Soudan du Sud Salva Kiir à libérer son rival, le premier vice-président Riek Machar, qui serait assigné à résidence, affirmant qu’il était temps que les dirigeants du pays démontrent leur engagement en faveur de la paix.
Le parti SPLM-IO de Machar a déclaré mercredi que le ministre de la Défense et le chef de la sécurité nationale étaient « entrés de force » dans la résidence de Machar et avaient délivré un mandat d’arrêt.
Machar était détenu à son domicile avec sa femme et deux gardes du corps, accusé d’être impliqué dans les combats entre l’armée et l’Armée blanche à Nasir, dans l’État du Haut-Nil ce mois-ci, a déclaré Reath Muoch Tang, un haut responsable du SPLM-IO, dans un communiqué vu par Reuters jeudi.
« Nous sommes préoccupés par les informations selon lesquelles le premier vice-président du Soudan du Sud, Machar, est assigné à résidence », a écrit le Bureau des affaires africaines de Washington sur X.
« Nous exhortons le président Kiir à revenir sur cette décision et à empêcher une nouvelle escalade de la situation. »
En vertu d’un accord de paix qui a mis fin à la guerre civile de 2013-2018 entre les forces loyales à Machar et celles de Kiir, le Soudan du Sud compte cinq vice-présidents. Machar, rival de longue date de Kiir et chef de l’opposition, occupe actuellement le poste de premier vice-président.
Les Nations Unies ont averti que les récents affrontements à Nasir entre l’armée et l’Armée blanche, une milice ayant des liens historiques avec Machar, et une montée des discours de haine pourraient raviver, sur des bases ethniques, la guerre civile qui a pris fin en 2018.
Le parti SPLM-IO de Machar nie tout lien continu avec l’Armée blanche.
« Il est temps pour les dirigeants du Soudan du Sud de démontrer la sincérité de leurs engagements déclarés en faveur de la paix », a écrit le Bureau des affaires africaines de Washington sur X.
Les porte-parole de l’armée et du gouvernement du Soudan du Sud n’ont pas immédiatement répondu aux demandes de commentaires.
APPEL À LA RETENUE
Les analystes politiques estiment que l’accord de paix, en vertu duquel Kiir et Machar ont servi dans un gouvernement de coalition fragile, est au bord de l’effondrement.
La mission de maintien de la paix de l’ONU au Soudan du Sud (MINUSS) a appelé à la retenue, affirmant que les dirigeants du pays étaient sur le point de retomber dans un conflit généralisé.
« Cela va non seulement dévaster le Soudan du Sud, mais aussi affecter toute la région », a déclaré la MINUSS dans un communiqué.
Plus tôt ce mois-ci, le gouvernement de Kiir a arrêté plusieurs responsables du parti de Machar, dont le ministre du Pétrole et le chef adjoint de l’armée, en réponse aux affrontements avec l’Armée blanche dans l’État du Haut-Nil.
L’ONU a signalé mercredi des combats entre les forces loyales à Kiir et à Machar près de la capitale Juba.
La guerre civile de 2013-2018, qui s’est déroulée en grande partie sur des bases ethniques, a fait des centaines de milliers de morts dans la plus jeune nation du monde.
