Les électeurs sierra-léonais se rendent aux urnes samedi pour une élection nationale qui, espère le principal parti d’opposition, verra la frustration du public face aux difficultés économiques profondes contrecarrer la candidature à la réélection du président Julius Maada Bio.
Environ 3,4 millions de personnes sont attendues pour le scrutin présidentiel et législatif à l’issue d’une campagne dont la dernière étape a été entachée de tensions qui ont conduit à l’annulation de rassemblements et d’affrontements lors d’un rassemblement de l’opposition mercredi.
Bio, 59 ans, brigue un second mandat face à 12 adversaires. La course devrait être serrée entre lui et Samura Kamara du principal parti d’opposition, le All People’s Congress (APC), qui a perdu de justesse face à Bio lors des dernières élections de 2018.
Bien qu’aucun titulaire n’ait perdu dans l’histoire récente de la nation ouest-africaine, l’APC a misé sur une crise durable du coût de la vie qui fait pencher la balance en sa faveur après que l’inflation a atteint son plus haut niveau en plus de 20 ans en 2022 tandis que la monnaie nationale Leone s’effondrait. 60% en valeur.
La récession a étouffé les espoirs de progrès économique à la suite de l’épidémie dévastatrice d’Ebola qui a culminé en 2014 et de la guerre civile de 1991-2002. Le sous-emploi généralisé persiste, plus de la moitié de la population vivant dans la pauvreté, selon la Banque mondiale.
« J’espère que la personne qui émergera en tant que président se penchera sur le coût élevé de la vie« , a déclaré Abibatu Conteh, un vendeur de rue de 20 ans, qui vend des ustensiles de cuisine et des tongs.
« Quand je vais de maison en maison pour vendre, les gens se plaignent de la situation économique. Je marche toute la journée et je ne peux pas vendre grand-chose. »
Le camp de Bio attribue le malaise économique à des facteurs externes tels que la pandémie de COVID-19 et la guerre en Ukraine. Ses chances ont été renforcées par le soutien d’un autre chef de l’opposition, Kandeh Yumkella, qui a terminé troisième en 2018 et ne se présente pas cette fois.
Deux jours avant le vote, le ministre de l’Information Mohamed Rahman Swaray a déclaré que si Bio conservait la présidence, il se concentrerait sur la création d’emplois et le développement agricole pour relancer la croissance et améliorer le niveau de vie.
« Nous ferons beaucoup plus de choses pour nous assurer que les gens sont à l’aise« , a-t-il déclaré à Reuters lors d’une interview dans un café de Freetown. « Nous comprenons que les temps sont durs mais nous sortons du bois. »
Des manifestations inhabituellement violentes l’année dernière contre la hausse des prix ont fait craindre des troubles politiques. Bio et Kamara ont fait état d’attaques à petites échelle contre leurs partisans, tandis que la récente remise en cause par l’APC de l’indépendance des responsables électoraux a suscité des tensions.
Les deux parties ont appelé au calme. Mais on craint que la situation ne se détériore, en particulier si aucun candidat n’obtient 55% des suffrages exprimés, nécessitant un second tour entre les deux meilleurs candidats deux semaines après l’annonce des résultats du premier tour.
Reuters
