Depuis plusieurs mois, la situation sécuritaire dans l’Est de la République Démocratique du Congo (RDC) continue de se détériorer, en particulier dans la province du Nord-Kivu. Dernier développement en date, les rebelles du M23, accusés par Kinshasa d’être soutenus par le Rwanda, ont pris le contrôle des localités de Luke et Mulema dans le territoire de Masisi. Ces victoires militaires interviennent après de violents combats avec les milices Wazalendo, un groupe local d’autodéfense qui a souvent affronté les forces rebelles et les armées régulières congolaises dans la région.
Le M23, qui fait partie d’un groupe rebelle d’anciens soldats démobilisés de l’armée congolaise, a refait surface en 2012 avant de signer un accord de paix en 2013. Cependant, les tensions se sont intensifiées à partir de 2021, lorsque le groupe a relancé ses offensives, revendiquant notamment des discriminations à l’égard de la communauté tutsi au sein des forces armées congolaises et une insécurité grandissante dans la région.
Le gouvernement congolais accuse le Rwanda de soutenir activement ce groupe rebelle, ce que Kigali dément formellement. Kinshasa et Kigali se livrent depuis des mois à un bras de fer diplomatique, chacun rejetant la responsabilité des violences qui déstabilisent la région. Les récents combats ont exacerbé la situation humanitaire, poussant des milliers de civils à fuir les zones de conflit.
Face à cette spirale de violence, plusieurs initiatives de médiation ont été lancées. L’Union Africaine (UA) a pris l’initiative d’organiser des pourparlers de paix, et bien que des discussions aient eu lieu à Addis-Abeba et Nairobi, aucune avancée significative n’a été observée. Parallèlement, le Qatar a proposé ses services en tant que médiateur neutre, mais ses efforts pour favoriser un cessez-le-feu ont été largement infructueux. Les États-Unis, sous la présidence de Joe Biden, ont également exprimé leur inquiétude concernant l’escalade du conflit. Washington a appelé à la cessation des hostilités, tout en apportant un soutien diplomatique au gouvernement congolais.
Malgré la pression internationale, les accords de paix qui ont été signés au fil des années n’ont pas permis de mettre un terme à la guerre. Les forces armées congolaises et le M23 continuent de se livrer à des affrontements sporadiques, et le silence de ces accords semble accuser l’échec de ces médiations. L’Est de la RDC demeure ainsi un terrain de guerre avec des perspectives de paix toujours incertaines.
