Bola Tinubu sera investi lundi à la présidence du Nigeria sous le nuage d’une élection contestée et de pressions pour améliorer rapidement les conditions économiques et de sécurité, dont beaucoup se plaignent de l’aggravation sous son prédécesseur Muhammadu Buhari.
Deux des principaux opposants de Tinubu aux élections de février contestent sa victoire sur la base d’allégations de fraude, et un tribunal commencera mardi à entendre leurs principaux arguments. Une décision n’est pas attendue avant septembre.
Buhari, un ancien dirigeant militaire taciturne, laisse la plus grande économie d’Afrique et la nation la plus peuplée profondément divisée.
L’élection avait galvanisé les jeunes électeurs dans l’espoir d’une rupture avec les deux partis qui dominent la politique nigériane depuis la fin du régime militaire en 1999. Mais ce que les autorités ont promis serait l’élection la plus libre et la plus juste du pays, mais qui s’est soldée par la frustration de beaucoup.
Tinubu, membre du All Progressives Congress de Buhari qui exerce depuis longtemps une influence dans les coulisses, a remporté avec 37% des voix, la part la plus faible depuis 1999.
LE RECORD DE BUHARI
Il hérite d’une économie en difficulté avec une dette record, des pénuries de devises et de carburant, une monnaie naira faible, une inflation élevée depuis près de deux décennies, des alimentations électriques squelettiques et une production de pétrole en baisse en raison du vol de brut et du sous-investissement.
Une série de politiques économiques protectionnistes et d’interventions sur les devises étrangères ont également effrayé les investisseurs.
Buhari défend son bilan, affirmant que de nouvelles infrastructures telles que des routes, des ponts et des aéroports, et les politiques protectionnistes ont jeté les bases d’une croissance future.
Il a également vanté les succès d’une lutte de 13 ans contre les insurgés islamistes dans le nord-est, où son gouvernement a augmenté les dépenses militaires.
Mais l’insécurité s’est propagée, laissant de nombreux Nigérians se sentir plus en danger. Les meurtres et les enlèvements contre rançon sont monnaie courante dans le nord-ouest. La violence des séparatistes et des gangs sévit dans le sud-est, et les affrontements entre agriculteurs et éleveurs persistent dans les États de l’arrière-pays connus sous le nom de Middle Belt du Nigeria.
Ancien gouverneur de l’État de Lagos, Tinubu a promis d’être un meilleur intendant de l’économie.
Les opposants sont sceptiques: ils le voient comme faisant partie d’une vieille garde qui a retenu le Nigeria et d’un « parrain » politique intitulé qui a déclaré l’année dernière que c’était à son tour de diriger après avoir soutenu Buhari pour le poste le plus élevé en 2015.
Reuters
