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Niger : libération de Bazoum fils : une nouvelle victoire de la diplomatie togolaise ?

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le général Abdourhamane Tchiani et Faure Gnassingbé, respectivement, chef de la junte militaire au Niger et président de la république du Togo

L’implication du Togo dans la résolution de la crise nigérienne est déterminante.

Le fils de l’ancien président du Niger est un homme libre depuis lundi 8 janvier. La justice militaire nigérienne lui a accordé une liberté provisoire. Mardi matin, un communiqué du ministère togolais des Affaires étrangères a précisé que c’est suite à une médiation du Togo et de la Sierra Leone, sous l’égide de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) que Salem Bazoum a été relâché. Même si c’est sous tutelle de l’institution sous régionale, cette évolution positive ne saurait avoir lieu sans l’implication du Togo.

Le Togo mène la danse

Dès le début de la crise nigérienne, Lomé a privilégié la voie diplomatique avec le Conseil national pour la sauvegarde de la Patrie (CNSP), au moment où d’autres pays de la Cédéao mettait le curseur sur une intervention militaire pour libérer le président Bazoum et son rétablissement dans ses fonctions de président élu.

Partant de ce postulat, Lomé a été invité en novembre dernier par Niamey pour mener les discussions avec la Cédéao pour une sortie de crise négociée, option finalement retenue par l’institution sous-régionale lors de son dernier sommet du 10 décembre au Nigeria.

Les dirigeants ouest-africains envisagent même d’alléger les sanctions contre Niamey, à condition que la junte libère la famille Bazoum et définit une transition de courte durée. Pour y parvenir, la Cédéao a désigné un comité Ad Hoc composé du Togo, de la Sierra Leone et du Bénin.

Depuis, les médiateurs ouest-africains, menés par le leadership togolais, multiplient les séjours à Niamey en vue d’arriver à un consensus avec les militaires au pouvoir.

Un premier gain de cette mission est la libération « à titre humanitaire » du fils de Mohamed Bazoum qui peut reprendre ses études après sept mois de vacances forcées. « C’est une victoire de la diplomatie togolaise », analyse Dr Niagalé Bagayoko, présidente de l’African Security Sector Network.

Il faut noter que ce positionnement du Togo comme médiateur n’aurait pas été possible si Lomé n’avait pas mis à la disposition de Niamey son port suite aux sanctions draconiennes de la CEDEAO et de l’Union économique et monétaire ouest africaine (UEMOA), en réaction au coup d’Etat du 26 juillet.

La bouée de sauvetage togolaise est tellement importante que le Niger a rejeté la main tendue du Bénin qui, après la suspension des importations des marchandises à destination de Niamey décidée par le port de Cotonou, a levé cette mesure. La Chambre de commerce nigérienne a demandé aux commerçants de continuer d’utiliser les corridors empruntés depuis la fermeture des frontières avec certains pays de la CEDEAO.

Qu’est-ce qui fait courir Faure Gnassingbé ?

Cependant, force est de constater que ce n’est pas la première prouesse du Togo dans la sous-région. On se rappelle que c’est suite à la médiation menée par Lomé que les 49 militaires ivoiriens arrêtés en 2022 au Mali et accusés de tentative de déstabilisation de la transition, ont été finalement libérés et autorisés à rentrer chez eux. La question est maintenant de savoir qu’est ce qui fait courir Lomé ?

Selon Dr Bagayoko, « c’est la volonté de se préserver d’un coup d’Etat par ses propres militaires » qui motive Faure Gnassingbé qui, à en croire la spécialiste de l’Afrique de l’ouest chercherait aussi à se mettre au niveau de son père, Gnassingbé Eyadema, « roi de la gestion des conflits dans la CEDEAO ».

L’ancien secrétaire général de la CEDEAO Mohammed Ibn Chambas disait à propos du président Eyadema qu’il était un « négociateur infatigable et chantre du dialogue » qui a su, « par ses qualités d’homme d’Etat s’imposer comme acteur incontournable de la paix et de la sécurité dans la sous-région ». « C’est ainsi qu’il s’est impliqué dans la crise en Sierra Leone, au Liberia, en Guinée Bissau et récemment en Côte d’Ivoire », ajoutait M. Chambas.

Une doctrine rappelée par Faure Gnassingbé lors de la visite du général Tiani au Togo, le 8 décembre dernier. « Attaché au dialogue et à la concertation pour promouvoir l’intégration régionale et le développement, le Togo reste engagé pour une approche pacifique dans la résolution des difficultés que connaissent nos pays », avait souligné le président togolais.

Mais certains analystes estiment que l’activisme de son fils au profit de la paix et de la stabilité dans la sous-région est un moyen pour Faure de se faire oublier, surtout que le Togo n’est pas une oasis de démocratie. Président depuis 2005, il en est à son quatrième mandat et tout porte à croire qu’il sera candidat à sa succession en 2025.

I-Sahel 

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