L’enlèvement de trois ressortissants émiratis, survenu mardi 23 septembre 2025 à Sanankoroba, à une trentaine de kilomètres seulement de Bamako, a créé un choc dans l’opinion malienne et internationale. Cet incident met en lumière la fragilité sécuritaire persistante au Mali, où les groupes armés liés au terrorisme parviennent désormais à agir dans des zones proches de la capitale.
Sanankoroba, situé sur l’axe stratégique Bamako–Bougouni, est réputé pour son dynamisme économique et sa proximité avec le cercle de Kati, épicentre du pouvoir militaire. Que des étrangers puissent y être enlevés sans résistance interroge sur la capacité de l’État à garantir la sécurité dans son propre périmètre central. Cette opération, attribuée par plusieurs sources locales à la mouvance djihadiste affiliée au Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (JNIM), illustre la capacité de ces organisations à étendre leurs actions au-delà des zones traditionnellement instables du Nord et du Centre du pays.
Depuis plusieurs années, le Mali est confronté à une insécurité endémique, marquée par les attaques récurrentes contre les populations civiles, les convois militaires et les infrastructures locales. Si les autorités de transition revendiquent régulièrement des succès militaires, la réalité sur le terrain reste préoccupante. La multiplication des enlèvements, qu’ils visent des nationaux ou des étrangers, constitue un moyen de pression pour les groupes armés, qui financent ainsi leurs activités et renforcent leur visibilité médiatique.
Cet incident à Sanankoroba s’inscrit également dans un contexte régional plus large. Le Sahel, englobant le Mali, le Burkina Faso et le Niger, fait face à une montée en puissance des groupes djihadistes qui profitent des fragilités institutionnelles, des tensions communautaires et du vide sécuritaire pour s’imposer. Les enlèvements d’étrangers ne sont pas nouveaux dans la région, mais leur proximité avec Bamako envoie un signal inquiétant : aucune zone n’est désormais véritablement à l’abri.
Pour de nombreux observateurs, l’enjeu dépasse la seule lutte militaire. Il concerne aussi la gouvernance, la confiance des populations envers l’État et la coopération régionale face à une menace transnationale. Sans une approche globale alliant sécurité, développement et dialogue social, le Mali risque de voir l’insécurité s’enraciner davantage, au détriment de sa stabilité interne et de sa crédibilité internationale.
L’affaire de Sanankoroba rappelle avec force que la bataille pour la sécurité au Mali ne se joue plus seulement dans le désert du Nord ou les plaines du Centre, mais désormais aux portes mêmes de sa capitale.
