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Mali : La région de Kayes de plain-pied dans le tourbillon jihadiste

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photo d'illustration

Les jihadistes se déploient de plus en plus vers l’ouest malien.

Dans la région de Kayes, située à l’ouest du Mali, les attaques terroristes ont connu une intensification ces dernières semaines. Le 15 février, un poste de sécurité à Melga, vers la frontière mauritanienne a été attaqué, occasionnant plusieurs morts dans les rangs de l’armée. Cet assaut a été suivi par d’autres dans la zone d’Aourou, près du Guidimakha, le 22 février.

Les incidents liés aux groupes armés radicaux dans la région de Kayes sont en progression (11 en 2021 contre 5 avant 2020).

Hausse des attaques jihadistes dans l’ouest

Les activités de ces groupes sont restées de portée limitée jusqu’ici puisque se concentrant essentiellement dans les cercles de Nioro et de Diéma (respectivement 4 et 5 incidents en 2020). Ainsi à défaut de pouvoir s’établir largement dans cette zone, leur présence demeurait marquée par des actions irrégulières.

Par ailleurs, de nombreux rapports avaient indiqué que cette zone offre diverses libertés de mouvement aux groupes armées radicaux, notamment à la filiale sahélienne d’AlQaida au Maghreb islamique, le Groupe de soutien à l’Islam et aux musulmans (GSIM).

A travers la Katiba du Macina qui est actuellement l’une de ses branches les plus actives, le groupe se déploie de plus en plus vers l’ouest.

Ces mouvements des jihadistes dans la région ont été traduits par des apparitions sporadiques depuis 2019 avec attaques directes dont 7 contre les postes de sécurité durant cette année.

La communauté internationale a également alerté sur la multiplication d’incidents armés attribués au GSIM, bien qu’il reste parfois difficile de caractériser systématiquement la nature terroriste de chaque incident.

L’esclavage par ascendance, pourvoyeur de recrues

Plusieurs experts en sécurité sont unanimes sur le fait que des problèmes sociaux tels que l’esclavage par ascendance favorise l’expansion du terrorisme dans l’ouest malien. Les groupes jihadistes recrutent souvent parmi les populations marginalisées.

L’esclavage par ascendance crée un terreau fertile pour leur recrutement. Les individus soumis à ce type d’esclavage, souvent issus de groupes ethniques marginaux, se sentent exclus et désespérés, ce qui les rend particulièrement vulnérables aux discours extrémistes et aux promesses de pouvoir et de vengeance.

La région de Kayes est aussi connue pour être un espace de circulation de biens et de services, riche en or. Le banditisme est en conséquence l’un des premiers facteurs d’insécurité dans la région.

Comme le reste du pays, la région de Kayes a connu des mobilisations politiques et sociales importantes entre 2019 et 2021, parfois émaillé de violences. Ces mobilisations sont souvent l’œuvre de défenseurs de droits humains qui tentent de lutter contre le phénomène de l’esclavage ou d’autres réclamant des droits.

De plus, malgré la richesse de son sous-sol, cette région reste aussi durement frappée par la pauvreté et le chômage des jeunes. L’insécurité alimentaire n’épargne pas aussi cette région.

Face à cette situation alarmante, il est crucial de renforcer la sécurité dans la région, d’améliorer les conditions de vie des populations marginalisées, et de mettre en place des programmes de sensibilisation pour lutter contre l’endoctrinement des jeunes par les groupes terroristes.

Il est également essentiel que la communauté internationale apporte son soutien au Mali dans sa lutte contre le terrorisme et l’esclavage par ascendance.

La stabilité et la sécurité de la région de Kayes sont cruciales pour la stabilité de toute la région du Sahel, et il est impératif de prendre des mesures immédiates pour contrer ces menaces croissantes.

Un pays comme le Sénégal, qui partage une frontière avec le Mali devrait s’impliquer davantage, de concert avec les autorités maliennes pour des réponses holistiques face à la criminalité transfrontalière. Ce, d’autant plus que la dernière attaque du JNIM s’est produite à moins de 100 kilomètres de ses frontières.

I-Sahel

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