Le président libérien, George Weah, a un message pour les électeurs à l’approche des élections de mardi : il a besoin de plus de temps. Après un premier mandat entaché d’allégations de corruption et de difficultés persistantes, nombreux sont ceux qui ont encore besoin d’être convaincus.
L’ancienne star du football, arrivé au pouvoir en 2017 grâce à une vague de soutien populaire après deux tentatives infructueuses, a déclaré qu’il était sur la bonne voie pour réaliser des progrès dans ce pays d’Afrique de l’Ouest frappé par la pauvreté, malgré la pandémie de coronavirus qui, selon lui, a constitué un revers pour la situation. ses projets originaux.
« Nous avons fait près de 90 % de ce qui devait être fait, c’est pourquoi nous revenons vers vous pour vous dire de prolonger notre délai« , a déclaré Weah lors d’un rassemblement mercredi soir à Barclayville, dans le sud-est du Libéria.
Comme en 2017, Weah fait campagne sur la construction de nouvelles routes, un sujet d’actualité lors des élections qui ont lieu pendant la saison des pluies, alors qu’une grande partie des routes non asphaltées du pays sont coupées de la capitale Monrovia en raison du mauvais temps.
« Je veux que l’histoire montre que les routes rurales du Libéria ont été pavées par George Weah« , a-t-il déclaré.
Weah, 57 ans, a eu une riche carrière sportive, passant des bidonvilles du Libéria au sommet du football mondial en jouant pour de grands clubs tels que le Paris Saint-Germain et l’AC Milan. Il affrontera 19 candidats à l’élection présidentielle.
Le vainqueur de la course présidentielle doit obtenir 50 % du total des suffrages exprimés, plus au moins une voix supplémentaire, afin d’éviter un second tour.
Son principal challenger est l’ancien vice-président Joseph Boakai, 78 ans, qu’il a battu lors d’un second tour en 2017 et qui est connu sous le nom de « Sleepy Joe » pour s’être endormi lors d’événements publics.
Weah a construit des hôpitaux et introduit l’éducation gratuite dans un pays qui peine encore à sortir de deux guerres civiles dévastatrices entre 1989 et 2003 et d’une épidémie d’Ebola de 2013 à 2016 qui a tué des milliers de personnes.
Mais certains électeurs se disent déçus par son incapacité à améliorer le niveau de vie ou à lutter contre la corruption et le problème croissant des stupéfiants parmi les jeunes démunis.
L’année dernière, Weah licencié son chef de cabinet et deux autres hauts responsables après que les États-Unis leur ont imposé des sanctions pour corruption. En 2018, un tribunal libérien a émis des mandats d’arrêt contre plus de 30 anciens responsables de la banque centrale dans le cadre de la disparition de 104 millions de dollars.
« Weah a dit qu’il venait pour du changement. Mais maintenant, tout a empiré… Tout est difficile« , a déclaré Josephine Musa, propriétaire d’une petite entreprise à Monrovia.
Maja Bovcon, analyste senior pour l’Afrique chez Verisk Maplecroft, société de renseignement sur les risques, a déclaré que Weah gagnerait probablement au deuxième tour parce qu’il bénéficie du dividende de son mandat, et que son histoire de réussite en tant qu’ancienne star du football qui s’est sortie de la pauvreté a un attrait durable.
Mais elle a ajouté que son mauvais bilan au cours du premier mandat et la perte du soutien de son principal soutien, l’ancien chef de guerre le prince Yormie Johnson, pourraient lui coûter des voix. Johnson a transféré son soutien à Boakai.
« Les faibles résultats de l’administration Weah et ses liens avec de nombreux scandales de corruption diminuent les chances du parti au pouvoir d’obtenir la majorité aux élections législatives« , a déclaré Bovcon.
Cependant, l’absence d’une opposition forte et nouvelle pourrait jouer en sa faveur, tout comme une croissance économique solide. L’économie a connu une croissance de près de 5 % l’an dernier, grâce aux progrès réalisés dans les secteurs de l’agriculture et des mines, selon la Banque mondiale.
Reuters
