Le président kenyan William Ruto a suspendu quatre commissaires électoraux qui avaient refusé d’approuver sa victoire lors des élections d’août, a déclaré vendredi la présidence, et a formé un panel pour enquêter sur leur révocation.
Cette décision a ouvert un nouveau front de bataille entre le gouvernement et l’opposition dans la plus grande économie d’Afrique de l’Est et intervient après que l’Assemblée nationale a demandé à Ruto de former un tribunal contre les commissaires Juliana Cherera, Justus Nyang’aya, Irene Masit et Francis Wanderi.
Raila Odinga, le chef vétéran de l’opposition qui a perdu de justesse les élections d’août et a finalement accepté le résultat, a rejeté l’action de Ruto contre les commissaires dissidents.
« Ils (le gouvernement de Ruto) ont lancé un stratagème pour révoquer les quatre qui se sont présentés pour la justice« , a déclaré Odinga vendredi et a accusé Ruto d’essayer de prendre le contrôle de la gestion des prochaines élections au prix d’agir sur les promesses qu’il avait faites à Kenyans.
« Ils veulent nommer leurs propres membres de la commission pour mener à bien leur trucage en 2027« , a déclaré Odinga, promettant d’organiser des rassemblements publics pour consulter les Kényans sur les prochaines étapes.
La première réunion se tiendra à Nairobi le 7 décembre, suivie d’une seconde le 12 décembre au même endroit, a-t-il précisé.
Le bureau de Ruto n’a pas répondu immédiatement lorsque Reuters a demandé un commentaire sur l’accusation.
Plus tard vendredi, l’un des commissaires, Justus Nyang’aya, a déclaré qu’il avait démissionné, ont rapporté les médias locaux.
« Je me suis toujours efforcé d’agir dans le meilleur intérêt du pays, bien que mes actions, prises de bonne foi, aient été mal interprétées« , a écrit Nyang’aya dans une lettre à Ruto, selon Citizen TV.
Nyang’aya n’a pas immédiatement répondu à une demande de commentaire.
Les quatre commissaires avaient tenu une conférence de presse parallèle le 15 août pour dire qu’ils ne pouvaient pas être partie aux résultats annoncés en direct à la télévision par le président et deux autres commissaires.
Le différend a été porté devant la Cour suprême, qui a confirmé l’élection de Ruto et rejeté les arguments avancés par les quatre sur le fait que le processus de décompte était opaque.
Le tribunal a estimé qu’une « rupture de conseil d’administration » entre les commissaires avait ébranlé la confiance du public, mais cela n’a pas suffi à invalider l’élection.
Cependant, il a appelé à des réformes de la Commission électorale indépendante et des frontières (IEBC). L’IEBC n’était pas immédiatement disponible pour un commentaire vendredi.
Ni les quatre commissaires, ni l’opposition qui les soutient, n’ont participé à l’enquête parlementaire sur leur conduite, protestant qu’elle équivalait à être jugée par un « tribunal kangourou ».
Cherera, qui est la vice-présidente de l’IEBC, n’a pas répondu immédiatement lorsque Reuters a sollicité des commentaires. Wanderi et Masit n’étaient pas immédiatement disponibles pour commenter.
Reuters
