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Guinée : les majorettes du Colonel…

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Mamady Doumbouya, chef de la junte militaire au pouvoir en Guinée

Depuis l’avènement du Comité national du rassemblement pour le développement (CNRD) au pouvoir en Guinée, le 5 septembre 2021, on nomme quelques figures féminines, rivalisant toutes de zèle dans l’entourage du légionnaire Mamadi Doumbouya, au palais Mohammed V.

C’est ainsi !

Parmi ces Amazones de la nouvelle junte, véritables joueuses de castagnettes, Kadiatou Emilie Diaby, l’ancienne ministre des Travaux publics, de janvier à septembre 2021, dans le gouvernement d’Ibrahima Kassory Fofana.

Le 20 avril 2022, elle a été nommée coordinatrice du bureau de suivi des priorités présidentielles auprès du colonel Mamadi Doumbouya. Cette femme est aujourd’hui indexée comme la principale informatrice du président de la transition sur les agissements de ses anciens collègues qui ont géré de grands projets.

En les accusant de détournement de deniers publics.

Soucieuse de sa situation personnelle, l’ex-dame, la vertu financière du régime Condé, a le regard sur l’exécution des grands projets en cours d’exécution sur le terrain. D’ailleurs, les sources proches du palais présidentiel font savoir qu’elle serait à l’origine de la liste des cadres proches du Professeur Alpha Condé visés par la Cour de répression des infractions économiques et financières (Crief) pour détournement de deniers publics et blanchiment d’argent. En y excluant sa propre personne dans un document rédigé dans son bureau situé dans une des villas des Nations, en collaboration avec le cabinet du colonel Amara Camara, secrétaire général de la présidence de la République.

Une autre amazone de l’équipe est l’ancienne directrice de campagne du président déchu, en 2010, Docteure Makalé Traoré, écartée à l’époque suite à des soupçons de malversations sur la gestion des fonds destinés à la campagne du candidat Alpha Condé. Celui-ci, bon prince, l’avait pourtant nommée, après son élection, présidente du conseil d’administration de la Sotragui, une société de transport aujourd’hui disparue.

Descendue un moment sur le terrain politique pour combattre aux côtés des forces vives de la nation pour le retour à l’ordre constitutionnel, la dame a depuis viré sa cuti et joue aujourd’hui dans le camp de la junte militaire. Dans le rôle de facilitatrice du dialogue inclusif inter-guinéen, dont le rapport final a été rejeté par les principaux partis politiques du pays que sont l’Union des forces démocratiques de Guinée (UFDG), de Cellou Dalein Diallo, le Rassemblement du peuple de Guinée-Arc-en-ciel (RPG-AEC), d’Alpha Condé, le Front national pour la défense de la Constitution (FNDC) et l’Union des forces républicaines (UFR), de Sidya Touré.

En sa qualité de porte-parole des facilitatrices, Makalé Traoré a convaincu Mamadi Doumbouya de la possibilité de dialoguer sans associer ces principales formations politiques guinéennes. Mais au finish, elle n’a récolté que quelques per diem et autres frais de fonctionnement.

Dans la même catégorie, on trouve également Guilao Joséphine Leno, une autre facilitatrice du dialogue inclusif inter-guinéen, qui subit le poids de l’âge. Cette dame est connue pour être une activiste de tous les régimes en Guinée, même au gré de sa crédibilité. C’est pourquoi il est remarquable de constater parfois l’indifférence d’Aïcha Bah (ex ministre, aujourd’hui proche de la junte) dans le contexte de ce dialogue en évoquant le plus souvent son état de santé pour éviter d’être trop mise en avant au palais Mohammed V.

Une autre femme qui joue son rôle dans le salon du colonel Mamadi Doumbouya est la présidente des femmes vendeuses du marché Avaria, dans la banlieue de Conakry, en la personne de Mamaïssata Soumah.

Une simple vendeuse de poissons qui a bénéficié d’une somme de 1,6 milliard de francs guinéens pour la Mutuelle financière des femmes africaines (Muffa) au compte des femmes d’Avaria, une initiative du Professeur Alpha Condé, dont elle chantait les louanges. Désormais, cette femme analphabète organise sans vergogne des cérémonies de soutien au CNRD au marché Avaria, allant des danses folkloriques à lecture du Coran.

Une autre spécialiste des mouvements de soutien, connue sur le terrain pendant les moments de gloire du RPG-AEC avec les jaunes, est Fatou Camara, qui s’engage désormais au côté du CNRD dans son objectif d’autosuffisance alimentaire lancé par le colonel Mamadi Doumbouya. Celui-ci a d’ailleurs fait savoir au peuple de Guinée que les récoltes de ses 50 hectares de champs seront destinées pour les cantines scolaires du pays. Fatou Camara est constamment dans les bureaux du palais Mohammed V, pour manifester son soutien aux actions de la junte.

Enfin, parmi les femmes artistes, on peut citer que la chanteuse Binta Laly Sow, qui passe tout son temps dans les cérémonies folkloriques de la communauté peuhl afin d’afficher son soutien au colonel putschiste. Elle a déjà bénéficié d’un véhicule et d’argent de la part du colonel Mamadi Doumbouya, pendant que les autres artistes de son rang sont indifférents au pouvoir de la junte. La preuve, le célèbre guitariste Sékou Diabaté, du Bembeya Jazz, a été délogé de fait, lors du déguerpissement de la cité Paillotte de Camayenne, lieu affecté aux artistes depuis le temps du premier régime guinéen.

Elise K. Douno

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