
La tenue du 8e Forum Galien Afrique combiné au 5e Prix Galien Afrique, qui aura lieu du 28 au 31 octobre 2025, à Dakar, la capitale du Sénégal, a été au cœur d’un webinaire organisé le 8 octobre 2025. Cet événement a réuni des journalistes membres du Réseau des Médias Africains pour la Promotion de la Santé et de l’Environnement (REMAPSEN) et un panel d’experts, dont le Professeur Awa Marie Coll Seck, présidente de Galien Afrique, ancienne Ministre d’État et ancienne Ministre de la Santé au Sénégal, ainsi que Dr. John Nkengasong, Directeur exécutif des Initiatives stratégiques à la Mastercard Foundation et co-président du jury du Prix Galien Afrique.
Les discussions du webinaire ont porté sur les objectifs et origines du Forum Galien Afrique, avec un accent particulier sur le thème de cette année : « Souveraineté sanitaire : Un impératif pour l’Afrique ».
Les échanges ont exploré la signification de ce choix thématique, les moments phares prévus à l’agenda du forum, le profil des participants, les critères de sélection des lauréats du Prix Galien, et les distinctions mises en jeu. D’autres questions ont mis en avant des enjeux cruciaux tels que le financement de la santé sur le continent, en insistant sur l’importance d’investissements souverains dans les domaines de la santé et de la recherche en Afrique.
Sur le processus de sélection du thème annuel, Bouba Sow, modérateur du wébinaire, a souligné l’importance de choisir un sujet en phase avec les défis contemporains. Il a évoqué, entre autres, le Forum des Jeunes qui mobilise chaque année les meilleurs élèves africains, certains participant physiquement à Dakar et d’autres en ligne. Ces jeunes reçoivent une formation sur des thématiques clés telles que le leadership et l’intelligence artificielle (IA). Une initiative destinée à préparer une nouvelle génération d’acteurs engagés pour le changement. Le Forum Galien publie également chaque année une déclaration présentant des recommandations à destination des décideurs politiques, des communautés universitaires et des chercheurs.

Le profil des invités VIP
Concernant les participants attendus au Forum de Dakar, Awa Marie Coll Seck a partagé quelques détails sur leur profil. Elle a mentionné la présence confirmée de personnalités influentes telles que les directeurs exécutifs de l’Organisation Ouest Africaine de la Santé (OOAS), Jean Kaseya, Directeur Général du CDC Afrique, ainsi que des représentants de l’OMS—dont son Directeur Général Dr. Tedros Adhanom Ghebreyesus, sous réserve de disponibilité. Des ministres de la Santé, dirigeants d’associations civiles engagées dans le domaine sanitaire, et des acteurs financiers locaux et internationaux seront également attendus.
Le Prix Galien Afrique : les critères
Dr. John Nkengasong a détaillé le fonctionnement rigoureux et structuré retenu pour sélectionner les lauréats du Prix Galien Afrique. Il a expliqué que les candidatures sont ouvertes à tous les chercheurs africains ou collaborations entre chercheurs africains et non-africains ayant développé des innovations significatives. Après réception des dossiers et analyse par une équipe dédiée selon une grille spécifique, une première sélection est soumise à un jury composé d’une dizaine d’experts africains multidisciplinaires. Ce processus vise à garantir que seuls les projets répondant aux standards de qualité requis soient primés. Si aucune candidature ne remplit ces exigences, aucun prix n’est attribué, afin de maintenir l’excellence associée à cette distinction.
La souveraineté sanitaire en Afrique : défis et perspectives
Sur le défi de la souveraineté sanitaire en Afrique, Dr. John Nkengasong a souligné qu’elle ne saurait être atteinte sans une intégration forte de recherches, d’innovations et d’entrepreneuriats au service de la santé. Ces piliers doivent converger pour réaliser cette ambition essentielle à l’autonomie du continent dans le secteur sanitaire.
La réduction de l’aide internationale au continent africain devrait être perçue comme une opportunité pour l’Afrique de renforcer ses capacités en matière de recherche et d’innovation.
Selon le Professeur Awaku Sek, l’atteinte de la souveraineté sanitaire est impossible sans ces deux éléments, ainsi que l’entrepreneuriat. L’objectif n’est pas de rivaliser avec des géants comme la Chine ou les États-Unis, mais d’adopter une approche adaptée aux défis spécifiques à l’Afrique, soutenue par ses propres gouvernements. Cette démarche est l’essence même de la souveraineté.

Les gouvernements africains doivent allouer davantage de ressources à la santé s’ils souhaitent se rapprocher de l’autonomie. Un engagement avait été pris par les chefs d’État d’allouer 15 % des budgets nationaux à la santé. Pourtant, une évaluation récente montre qu’à peine deux pays y parviennent aujourd’hui, tandis que beaucoup stagnent autour de 7 %, 6 %, voire 4 %.
Une souveraineté réelle nécessite des moyens financiers adéquats. Certaines pistes existent déjà, comme la taxation sur les produits nocifs pour la santé tels que le tabac, l’alcool ou les boissons sucrées. La montée des cas de diabète et d’obésité illustre l’urgence de ces mesures fiscales, dont les fonds devraient être rigoureusement affectés à la santé.
L’importance de la pharmacopée traditionnelle africaine mérite également d’être soulignée. Des experts de ce domaine sont invités à intervenir dans divers programmes afin de sensibiliser et mobiliser autour des richesses naturelles de l’Afrique en matière de santé. Ces ressources étaient déjà exploitées avant même que l’Europe et l’Amérique ne s’y intéressent. Aujourd’hui, alors que ces régions commencent à utiliser nos plantes et produits naturels, il est impératif pour l’Afrique de les valoriser pleinement.
Dr. John Nkengasong insiste sur le fait que l’avenir des Africains ne doit jamais dépendre des décisions prises dans des capitales étrangères après des élections. La souveraineté discutée à Dakar doit reposer sur une solidarité et un partenariat respectant les priorités africaines.
Une vraie souveraineté demande aussi un engagement des gouvernements : non seulement politique, mais aussi pratique, en tenant compte des possibilités économiques accrues du continent et en respectant les engagements pris, comme ceux contenus dans la déclaration d’Abuja.
Le cas du Ghana illustre bien cette volonté politique indispensable. Face au retrait des financements américains, le gouvernement ghanéen a utilisé son système d’assurance sociale pour combler les lacunes, prouvant ainsi qu’un engagement national déterminé peut contribuer à résoudre les défis liés au financement de la santé. C’est un modèle inspirant pour d’autres nations africaines.
Quant à la production locale de vaccins, il est clair qu’aucun pays africain pris séparément ne pourra accomplir cette mission seul.
L’Union Africaine doit jouer un rôle central dans cette initiative en coordonnant les efforts et en favorisant la collaboration régionale pour bâtir une industrie pharmaceutique robuste et durable.









