
L’affaire qui oppose la dynastie des Bongo à l’actuel régime gabonais connaît un nouveau développement. Plusieurs membres de la famille Bongo, en l’occurrence l’ancien président Ali Bongo Ondimba lui-même, son épouse Sylvia et leur fils Noureddin ont été entendus le 30 juin et mardi 1er juillet par deux juges d’instruction du tribunal de grande instance de Paris, dans le cadre de leurs plaintes déposées contre Libreville.
Ces auditions s’inscrivent dans une procédure ouverte après que la famille Bongo a saisi la justice française en mai 2024, dénonçant une série d’actes qu’elle juge illégaux depuis la prise du pouvoir par la force le 30 août 2023 par le patron de la garde présidentielle, le général Clotaire Brice Olingui Nguema, alors à la tête du Comité pour la transition et la restauration des institutions (CTRI) au Gabon.
Parmi les faits évoqués dans les plaintes : expropriations de biens, gel d’avoirs, atteintes aux droits fondamentaux, détentions arbitraires et campagnes de dénigrement tous azimuts. Les avocats de la famille Bongo pointent ce qu’ils qualifient de « persécutions politiques » et souhaitent que la justice française enquête sur de potentielles violations des droits de leurs clients, certains possédant également la nationalité française ou ayant des intérêts économiques en France.
Selon une source judiciaire française, les auditions visent à déterminer la recevabilité des plaintes et à établir s’il existe des éléments suffisants pour engager une procédure contre des membres de l’actuel pouvoir gabonais ou des institutions liées à l’État.
À Libreville, les autorités de transition restent silencieuses sur ce développement judiciaire à Paris. Toutefois, un proche du pouvoir estime qu’il s’agit d’une « tentative désespérée de reconquête symbolique du pouvoir perdu » et affirme que « la justice gabonaise a agi dans le cadre de la loi et de l’intérêt supérieur du peuple ».
Cette affaire pourrait bien ouvrir un nouveau chapitre des tensions persistantes entre l’ancien régime et l’actuel pouvoir dans un contexte où le Gabon cherche à se reconstruire institutionnellement et à restaurer la confiance nationale comme internationale.