Paru à Abidjan aux éditions Kamit en été dernier, « Djinguesso, le procès des crapules de la République » est le tout premier chef d’œuvre du journaliste Souleymane T. SEN. Apprécié par de nombreux lecteurs et salué par la critique, ce livre, au-delà de sa valeur littéraire, met en lumière les multiples facettes d’un homme de Lettres au talent jusqu’ici méconnu. Dans un entretien qu’il nous a accordé dans ses locaux privés à Abidjan, l’écrivain Souleymane T. Sen ne manque pas de nous révéler que l’auteur ivoirien des années indépendances, Jean-Marie Adiaffi est celui qui l’aura inspiré le plus, au point de faire de lui aujourd’hui, un écrivain à la plume totalement engagée.
Vous venez de publier votre premier roman, Djinguesso, le procès des crapules de la République, aux éditions Kamit. Quel sentiment éprouvez-vous aujourd’hui ?
Un sentiment de soulagement. Je trainais avec le manuscrit de mon roman sous le bras depuis quelques années. Pour des raisons diverses, des maisons d’édition ne l’ont pas édité, arguant pour certaines qu’il ne cadrait pas avec leur ligne éditorial, et pour d’autres qu’il contenait des passages polémiques, ou qu’avec la crise du Covid, elles avaient suspendu la publication d’ouvrages. Mais les Editions Kamit ont, elles, accepté de m’éditer. Dieu merci, depuis le 2 septembre 2024, le livre est dans les rayons des librairies.
Lorsqu’on fait une plongée dans la lecture de votre roman, on a du mal à cerner le personnage principal. Pouvez-vous nous donner l’explication ? Qui est le personnage principal ?
C’est Dieu le personnage principal du roman. Il apparait physiquement au dernier chapitre du livre. Mais en tant qu’être suprême, il est omniprésent. Il décide devant tant et tant de méfaits de certaines de ses créatures, de les convoquer et de les juger. Mais le procès, lui, débute dès le début de l’ouvrage.
Vous considérez-vous comme un écrivain engagé ?
Si être engagé, c’est défendre une cause éthique, politique, religieuse, critiquer ce qui ne va pas dans la société, toute chose qui correspond à la fonction sociale de l’écrivain, c’est que je suis engagé.
Quel écrivain vous a-t-il le plus influencé pour vous amener aujourd’hui à servir l’Ecriture?
Incontestablement Jean-Marie Adiaffi. C’est mon modèle. J’ai lu tout, ou presque tous ses livres : La carte d’identité, Silence, on développe, Les naufragés de l’intelligence, D’éclairs et de foudres, Galerie infernale, Lire Henri Konan Bédié, le rêve de la graine. Le chapitre 18 de Silence, on développe est une pure merveille littéraire. Il raconte le combat entre la chèvre vierge kaoline de la liberté, de la vaillance, de la loyauté, de la résistance, et le bélier roux de la dictature, de la tyrannie, de la démission, de la collaboration et de la honte.
Avez-vous des projets littéraires imminents ?
J’ai sous la main un poème consacré à la guerre qui s’est déroulée en Côte d’Ivoire en 2010, suite à la crise postélectorale. Je l’ai intitulé Des violences et du sang. Un opuscule épistolaire sur les négociations inter-ivoiriennes qui ont lieu à Lomé sous la direction du général Gnassingbé Eyadema, une compilation de chroniques, Parole de silex, que j’ai écrites de 1996 à 2000, et qui ont été publiées dans les colonnes de l’hebdomadaire Le Nouvel Horizon. Ces manuscrits sont prêts. En termes de perspectives, je veux écrire un roman sur l’immigration africaine. J’ai déjà rédigé le plan. Je pense aussi à un livre sur mon séjour en prison en 1994. Il y a déjà une ébauche. Voilà. J’espère trouver un éditeur qui acceptera d’éditer mon poème et mes chroniques.
Propos recueillis par Dieunedort Essomé