Après deux ans et demi de recherches par imagerie satellite, les résultats de l’inventaire forestier et faunique de la Côte d’Ivoire ont enfin été présenté hier mardi 29 juin 2021 à l’occasion d’un atelier final qui s’est tenu dans un hôtel de la place et sous la présence effective du ministre des eaux et forêts, Alain-Richard Donwahi ainsi que de nombreux partenaires techniques et financiers de la Côte d’Ivoire.
Financé à hauteur de quatre milliards cinq cents millions par le C2D, cet inventaire forestier et faunique de la Côte d’Ivoire dont les résultats ont été présentés hier, vise entre autres à dresser un état des lieux des forêts en Côte d’Ivoire tout en actualisant les connaissances sur les ressources forestières et fauniques non sans mettre de côté, la pression anthropique sur les écosystèmes.
L’atelier final sur cet inventaire était également l’occasion pour les experts, d’exposer des informations en vue de renforcer les compétences techniques des agents de l’administration ainsi que celles des opérateurs techniques en matière de méthode d’inventaire sur le terrain et de collecte des données. Les résultats de cet inventaire pourront permettre à la longue, de connaître l’état, l’évolution dans le temps et les potentialités des territoires en termes de faune, forêt, fertilité des sols et pression anthropique.
Ainsi, on retiendra qu’en deux ans et demi de recherches sur le projet, ce sont au total, 31 régions et 108 départements qui ont été visités par les agents techniques en charge des inventaires, lesquels ont mené de sérieuses études sur au moins 1 417 unités d’échantillonnage répartis sur une superficie totale de plus de 25 hectares. Quant aux observations de la faune, elles ont été réalisées sur 994 unités de comptage répartis sur l’ensemble du territoire national.
Les résultats de cet inventaire forestier et faunique national ont donc été présentés à la presse sur deux plans : forêt et faune.
Sur le plan « forêt », les résultats de l’inventaire forestier et faunique national sont venus confirmer la forte déforestation de la Côte d’Ivoire avec un taux global de couverture forestière national estimé à seulement 2,97 millions d’hectares, soit 9,2% du territoire national.
Au moment de la présentation de ces mêmes résultats d’inventaire forestier et faunique, les experts se sont alarmés sur le fait que depuis les 60 dernières années, c’est pratiquement 90% de la surface de la forêt ivoirienne qui a disparu, faisant ainsi de « l’éléphant d’Afrique », l’un des pays africains dont le taux annuel de déforestation est le plus élevé. Les mêmes résultats alarmants ont également suscité leurs craintes de voir qu’à ce rythme de déforestation d’ici 2035, il ne restera en Côte d’Ivoire, que moins de deux millions d’hectares de forêt et certainement plus dans sa partie sud (hormis les aires protégées).
Sur le plan « faune », les résultats de cet inventaire forestier et faunique national sont tout aussi alarmants que préoccupants. Ainsi, les experts ont noté que 919 transects ont été parcourus sur une longueur de 1 932 km et 552 transects dans les parcs nationaux ont également été réalisés sur une distance de 912 km. Soit au total 2 844 km.
Toujours sur le plan « faune », les experts ont confirmé avoir recensé 120 espèces lors des inventaires mais, que trois espèces seulement totalisent plus de 40% des observations (lièvre, le guib, harnaché et l’aulacode). Les experts ont également souligné tout au long de leur exposé d’inventaire, que les grands mammifères ont quasiment tous disparu, parce que fréquemment confrontés au braconnage et la destruction progressive de leurs habitats naturels. Ils n’ont pas manqué de souligner toutefois, que 34 espèces vivant en Côte d’Ivoire, ont rejoint la liste rouge Uicn qui révèle que cinq espèces sont en danger critique d’extinction, notamment : les crocodiles à nuque cuirassées, les panthères, les cercopithèques Diane, les colobes magistrats et les chimpanzés. En plus de cette catégorie, il y a également 9 autres espèces en danger d’extinction, ont-ils ajouté.
Les résultats de cet inventaire forestier et faunique national dont le tout dernier remonte à 1978 sur la partie méridionale du pays, a donc eu pour intérêt de mettre en évidence la nécessité de protéger toutes espèces en voie de disparition totale ou partielle. Ces résultats ont également eu pour intérêt d’actualiser les données concernant la forêt ivoirienne pour une utilisation durable et rationnelle des écosystèmes forestiers dans une meilleure affectation des forêts et des terres aux différents utilisateurs afin de mettre à la disposition des décideurs, des gestionnaires, et autres partenaires du secteur forestier, des données actualisées et fiables pour une meilleure direction des politiques et programmes stratégiques.
Il faut rappeler que le projet d’inventaire forestier et faunique national a été piloté par le ministère des eaux et forêts (Minef). Sa maîtrise d’œuvre a été assurée par une cellule d’assistance technique et par le consortium international composé d’Onf internatioal, Onf Côte d’Ivoire, Ign France et Ign Fi. Sa mise en œuvre nationale a, quant à elle, été tenu des mains de maître par la Sodefor, L’Anader et l’Oipr.
Dieuedort Essomé