
La campagne électorale pour la présidentielle camerounaise qui se tient ce dimanche, a été marquée par une atmosphère calme mais tendue, une ambiance presque palpable de certitude autour du président sortant, Paul Biya, dont la longévité au pouvoir le place une nouvelle fois comme le grand favori.
Depuis son arrivée à la tête du pays en 1982, Paul Biya, âgé de 92 ans, a dominé sans partage la scène politique camerounaise. S’il n’a que rarement montré un intérêt direct pour la campagne de cette année, se contentant d’apparitions publiques sporadiques, son ascendant sur les Camerounais reste indéniable. Après plus de quatre décennies de règne, Biya incarne le symbole d’une stabilité difficilement ébranlable pour ses partisans, mais qui nourrit également une frustration croissante chez certains opposants.
L’élection s’est déroulée dans une ambiance assez sobre, caractérisée par la discrétion du président, qui a fait sa première sortie publique à Maroua mardi, après plusieurs mois de silence. À 92 ans, Biya semble plus détaché que jamais de la fièvre de la compétition électorale, s’appuyant sur un réseau de soutien bien rodé et une machine électorale qui semble implacable.
Face à lui, une opposition composée de 11 candidats dont l’ancien ministre Issa Tchiroma Bakary, son ancien collaborateur, commence à susciter une attention plus significative. Pourtant, l’espoir d’un changement semble bien maigre. Issa Tchiroma, malgré quelques discours percutants, peine à faire pencher la balance en sa faveur.
Pour beaucoup, la victoire de Biya semble inévitable, d’autant plus qu’il a remporté tous ses précédents mandats avec des scores toujours supérieurs à 70%. L’influence de l’opposition reste faible et dispersée, alors que la majorité des électeurs vivent sous un climat de « Biya omniprésent ».
Les huit millions de Camerounais inscrits sur les listes électorales voteront dans un cadre relativement ordonné, entre 08H00 et 18H00, bien que les voix dissidentes se font entendre dans certaines régions, notamment dans l’extrême-nord et le Sud-Ouest, où des tensions liées à la crise anglophone se sont intensifiées ces dernières années.
En dépit des critiques concernant sa gestion du pays et des accusations de violations des droits de l’homme, Paul Biya a toujours été perçu comme une figure incontournable dans la politique camerounaise. Beaucoup le considèrent comme un garant de la stabilité, tandis que d’autres dénoncent son absence d’alternance démocratique. En 2018, malgré les contestations, il avait obtenu près de 71% des voix, et il est fort probable qu’il remporte de nouveau ce scrutin avec une avance similaire.
Le Conseil constitutionnel aura jusqu’au 26 octobre pour proclamer les résultats définitifs, mais d’ici là, la tendance semble irréversible. La présidentielle camerounaise pourrait ainsi marquer la reconduction d’un régime qui, bien qu’essoufflé, continue de faire face aux vagues d’opposition, aux critiques et aux attentes de changement.
L’élection, bien que marquée par une campagne modeste, reste un événement majeur dans la vie politique du pays, avec le président Biya déterminé à écrire un nouveau chapitre de son règne de 43 ans.









