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Cameroun-église catholique : les évêques de l’Afrique centrale élaborent un guide pastoral de la migration

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photo de famille de l’Association des Conférences épiscopales d’Afrique centrale (ACERAC) après un colloque international organisé à Douala portant élaboration d'un guide pastoral sur le phénomène migratoire

Au cours d’un colloque organisé à Douala au Cameroun, les évêques de l’Afrique centrale ont planché sur le phénomène migratoire et surtout élaboré au final un guide pastoral sur ce sujet qui a une actualité permanente et intemporelle.

Du 12 au 17 juin 2023 au campus de l’université Saint-Jérôme de Douala, les évêques du Cameroun, du Congo, de Centrafrique, du Gabon, de la Guinée Equatoriale et du Tchad, réunis autour de l’Association des Conférences épiscopales d’Afrique centrale (ACERAC), ont participé à un colloque international sur le phénomène migratoire, avec pour thème « Défis et perspectives pour une migration à visage humain ».

Ont également pris part au colloque, les prêtres, religieux et religieuses, les universitaires, chercheurs, et laïcs. « Cette halte réflexive poursuit comme objectif principal, l’élaboration d’un guide pastoral pour une migration à visage humain. Elle se fera sur la base d’une actualisation des connaissances pluridisciplinaires en matière de migration et bénéficiera de l’éclairage de la Bible, des principes éthiques et de l’enseignement social de l’Eglise catholique », soulignait en guise d’objectif le document officiel remis aux participants.

’La migration est la volonté de créer une fraternité nouvelle’’, Mgr Samuel Kleda

Plusieurs temps forts ont émaillé les travaux. Au cours de la leçon inaugurale, Mgr Samuel Kleda, Archevêque métropolitain et Président de la Commission régionale pour les migrants a indiqué que la « migration favorise la croissance réciproque à diverses échelles (éducative, culturelle et socio-économique). La migration, va-t-il ajouter, est la volonté de créer une fraternité nouvelle ». Dans sa lancée, il fera un appel à tous les participants du colloque, les invitant à « être des témoins du Christ qui reçoit et qui accueille ».

Une messe pontificale a été célébrée pour le repos des âmes des migrants morts en chemin de leur aventure. Au cours de son homélie, et parlant de la pauvreté qui pousse les gens à vouloir partir ailleurs à tout prix, le prélat a souligné l’urgence de  « sensibiliser les gens de plus en plus et surtout créer les conditions pour une vie harmonieuse en Afrique ».

Panels, échanges en plénière et réflexion en carrefour ont agrémenté les travaux tout au long du colloque. Les panels ayant meublé les débats étaient regroupés en 4 axes. Le premier axe, intitulé « Aspects historico-anthropologiques » a planché autour des thématiques suivantes : la migration humaine : enjeux et défis dans un monde en pleines mutations ; mobilités dans la sous-région Afrique centrale : quels bouleversements dans les pays d’accueil et d’origine ? ; la question de l’immigration entre politique et écologie : cadres de conceptions et modes de traitements ; la migration féminine : décryptage d’un phénomène complexe et problématique en Afrique) ; jeunesse et flux migratoires dans la sous-région Afrique centrale (enchantement et désenchantement de la migration : de l’illusion à la réalité ; perceptions et vécus du drame dans les familles. « Aspects juridique et politique » fut le second axe autour duquel les panélistes ont évoqué la gouvernance et le droit dans la résolution de la crise migratoire ; avec comme sous-thèmes, ce que gouverner la migration en Afrique centrale veut dire : la libre circulation des personnes et des biens ; la question migratoire dans la sous-région Afrique centrale ; entre enjeux politiques et stratégies de gestion ; droits et devoirs du migrant. L’aspect socio-économique a fait l’objet des débats de l’axe 3.

La pauvreté en face de l’abondance comme cause de la migration ; la dimension socio-économique du phénomène migratoire, l’insertion socioprofessionnelle des jeunes diplômés en Afrique centrale et la lutte contre l’immigration sont les autres thématiques abordées dans cet axe. Les aspects théologique, éthique et pastoral ont clôturé la série des débats avec des thématiques comme la physionomie du migrant selon l’Eglise ; l’approche biblique et théologique de la migration ; la nouvelle évangélisation et pastorale des migrants, l’accueil des migrants dans les autres communautés de la foi.

Le magistère du Pape François et migration en parallèle avec l’histoire et la perspective pastorales de l’archidiocèse de Douala seront évoqués dans cet axe, comme exemple concret à suivre ou boussole d’orientation pour les uns et les autres.

Sensibiliser sur les dangers de la migration irrégulière

Après quatre jours de débats d’une richesse variée en connaissance et apprentissage, un guide pastoral sur le phénomène migratoire en Afrique centrale a vu le jour. En attendant sa publication officielle, il urge de sensibiliser les jeunes candidats à l’immigration, et surtout les parents que la migration illégale et/ou irrégulière coûte très cher aux niveaux financier, humain et psychologique. La nécessité de combattre les réseaux maffieux s’impose, tout en valorisant le vivre-ensemble, en prévenant les crises identitaires : toutes ces causes qui favorisent les déplacements forcés.

Il reste à noter que la migration étant un phénomène de mondialisation, il est impossible de la stopper. Toutefois, il ne faut pas perdre de vue que le vrai problème de ce phénomène demeure au niveau de l’information ou du moins de la désinformation ; raison pour laquelle, il y a lieu d’accentuer la sensibilisation à l’encontre des candidats au départ sur les dangers auxquels ils seront confrontés au cours de leur parcours, notamment en donnant la bonne information. Il faut également renforcer la pastorale de la jeunesse en prônant une évangélisation à travers l’amour, comme le recommande le Christ.

Puisque tous les migrants ne partent pas forcément de l’Afrique vers d’autres cieux et que plusieurs d’entre eux restent sur le continent africain ; en ce qui concerne les migrants qui vont et viennent dans les autres pays de l’Afrique centrale, l’Eglise recommande de leur faire un bon accueil, de les orienter et de les encadrer afin qu’ils puissent vivre de manière harmonieuse, pacifique et heureuse dans le pays de leur choix.

En clôturant les travaux du colloque, Mgr Kleda a projeté d’ouvrir un observatoire catholique pour les migrants et les réfugiés en Afrique centrale. Il s’agit en d’autres termes, d’une école spécialisée dans la formation au sujet de la migration ; bien plus, une école orientée vers une nouvelle évangélisation dans le domaine migratoire.

Nul doute que ceci contribuera grandement à l’avènement de cette migration à visage humain que l’Eglise souhaite prôner dorénavant.

Serge Hengoup

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