C’est la question que se posent les investisseurs du pays, puisque le Cameroun a besoin de développer ses ressources naturelles, et de prêter attention au fait d’avoir un environnement propice à l’entreprenariat dans le domaine de l’énergie.
La Chambre Africaine de l’Energie (EnergyChamber.org) a accueilli une discussion honnête et ouverte, où les Africains ont eu leur mot à dire sur les meilleures solutions fonctionnelles pour l’Afrique. Durant l’African Energy Week, organisé par la Chambre Africaine de l’Energie le 1er octobre 2021 à Johannesburg en Afrique du Sud, en partenariat avec le Département des Ressources Minérales et de l’Energie d’Afrique du Sud, la Chambre a appelé à une réponse équilibrée à la vulnérabilité du Cameroun face au changement climatique.
Evoquons le cas du Cameroun, un producteur de pétrole brut majeur de l’Afrique centrale, avec une production totale d’hydrocarbures liquides atteignant une moyenne de 76.000 barils par jour, en 2017. Cette année-là, le pétrole brut constituait la principale exportation, soit 1,34 milliards de dollars. Le pétrole raffiné n’était pas bien loin, atteignant 396 millions de dollars.
Conscients du fait que les champs onshore sont matures, les dirigeants ont estimé qu’il fallait diversifier l’économie. L’exploitation aurifère et de mines de diamants a augmenté dans nos régions du nord et de l’est, bien qu’à petite échelle. De plus, le Cameroun produit des matériaux nobles utilisés pour la construction, comme les sols, l’argile et le chaume ; rendant ainsi le prix du logement local plus raisonnable. Même si ces secteurs sont importants pour le futur, la plupart des attentes sont liées à la croissance de l’économie, elles concernent le gaz naturel et, plus particulièrement, le gaz naturel liquéfié, ou LNG.
Les réserves de gaz naturel du Cameroun sont estimées à 4,7 milliards de pieds cubes. Le pays occupe le quarante-huitième pays sur 99 en ce qui concerne les réserves de gaz prouvées, soit environ 0,07% du total mondial. Bien que cela semble peu en comparaison avec, par exemple, les Etats-Unis et leurs 322 trillions de pieds cubes de réserves, le LNG offre un potentiel considérable au Cameroun, et au monde.
Propres et abondants, le gaz naturel et le LNG sont considérés comme étant essentiels à la transition énergétique. Le gaz naturel produit bien moins d’émissions que le charbon ou le diesel, et il peut fournir l’énergie nécessaire à l’éolien, au solaire et à l’hydroélectricité. La croissance sur le long-terme prévue pour le LNG est énorme. McKinsey indique que la demande augmentera de 3,4% par an d’ici à 2035, et que plus de 200 millions de tonnes de capacité nouvelle seront requises d’ici à 2050.
Grâce à un accord avec la Société Nationale des Hydrocarbures du Cameroun, l’entreprise d’énergie française, Perenco, et celle de traitement du gaz, Golar LNG Ltd., produisent déjà 1,2 millions de tonnes de LNG par an, grâce à un navire de LNG flottant (FLNG) déployé dans les eaux camerounaises, au large des côtes de Kribi, ainsi que 30.000 tonnes de gaz domestique pour les foyers camerounais, et 5.000 barils de condensats par jour.
Ces entreprises ont récemment annoncé leurs projets d’augmenter la production de LNG de 17%, en 2022. Et ce n’est que le début : on s’attend à ce que, d’ici à 2026, la production de LNG de l’installation Hilli Episeyo FLNG de Golar atteigne 1,6 millions de tonnes, après le forage de puits additionnels.
Le développement du champ Etinde s’ajoutera à ces chiffres. En effet, le deuxième projet LNG du Cameroun, l’installation FLNG Etinde, devrait être opérationnelle dans quatre ans et aura la capacité de recevoir, traiter, stocker et décharger 30.000 barils de condensats par jour. On attend de ce projet qu’il crée plus de 400 emplois locaux pour les travailleurs qualifiés, et 3.000 emplois indirects supplémentaires.
Des emplois, de l’énergie nationale et une croissance économique, tout cela grâce à une ressource à faible émission de carbone, le long des côtes du pays.
Un Environnement propice à la Transition
Alors que le Cameroun a besoin de développer ses ressources naturelles, il est important de prêter attention au fait d’avoir un environnement propice à l’entreprenariat, et d’améliorer la confiance des investisseurs et la conclusion d’accords. Les régulations Forex de la BEAC n’aident pas et ne feront que nuire au pays, tout comme le ferait un activiste pour le climat.
La Chambre croit au fait que cette régulation contribuera à favoriser le défi grandissant de la pauvreté énergétique, la corruption et le rôle à chaque fois plus important des bureaucrates dans les affaires commerciales. La question est simple : pourquoi ajouter une charge supplémentaire et des barrières, plus particulièrement à un moment où nous devons composer avec la transition énergétique et les difficultés à financer les projets pétroliers et gaziers ? Comme précédemment commenté par NJ Ayuk, le Président Exécutif : « Les bureaucrates ne devraient pas choisir les gagnants et les perdants. Cela est négatif pour les marchés libres et vous ne pouvez pas aimer l’emploi et haïr ceux qui créent de l’emploi ».
Pourquoi voudrait-on nous priver de cette opportunité ?
Le Cameroun s’est engagé dans le combat contre le changement climatique. Avec la grande majorité des citoyens travaillant dans l’agriculture, les autorités comprennent la façon dont le changement climatique peut affecter la subsistance. Le pays se rapproche de son objectif de devenir un pays émergent d’ici à 2035, et a déjà fait de grands et importants pas pour réduire de 32% les émissions de gaz à effet de serre, grâce à l’utilisation de l’énergie renouvelable, y compris les panneaux solaires et le biogaz. L’intégrons des pratiques durables dans la gestion de la savane et la réhabilitation de terres dégradées, est une réalité. Le traitement des déchets et leur recyclage font partie des axes de travail de manière permanente.
NJ Ayuk, le Président Exécutif de la Chambre Africaine de l’Energie, affirme que la diabolisation des entreprises du secteur de l’énergie n’est pas une approche constructive, et que le fait d’ignorer le rôle structurel que les combustibles à base de carbone ont dans notre société actuelle dénature le débat public. L’union des entreprises du secteur d’énergie, des gouvernements et des groupes de la société civile, dans le but de trouver des solutions fonctionnelles, permettra d’accomplir beaucoup plus.
Il n’est pas possible d’aimer les emplois et haïr ceux qui les créent. Le Cameroun peut faire face à ses défis liés au changement climatique et utiliser ses ressources en énergie pour stimuler notre économie.
Serge Hengoup