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Burkina Faso : une douzaine de dissidents « réquisitionnés » dans la lutte antidjihadiste

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photo d'illustration

Selon l’ONG Human Rights Watch, des journalistes, des militants de la société civile ou des membres de l’opposition pourraient participer à des « opérations de sécurité ».

Au moins une douzaine de dissidents ont été « réquisitionnés » au Burkina Faso  pour « participer » à la lutte antidjihadiste, a déploré mercredi 8 novembre Human Rights Watch (HRW) dans un communiqué transmis à l’AFP, après des dénonciations similaires par des membres de la société civile du pays.

« Entre le 4 et le 5 novembre », les « forces de sécurité burkinabées ont notifié par écrit ou par téléphone au moins une douzaine de journalistes, d’activistes de la société civile et de membres de partis d’opposition qu’ils seraient réquisitionnés pour participer aux opérations de sécurité du gouvernement dans tout le pays », a écrit HRW.

Arrivé au pouvoir par un coup d’Etat le 30 septembre 2022, le capitaine Ibrahim Traoré a signé en avril un décret de « mobilisation générale » d’une durée d’un an, permettant si besoin la réquisition des « jeunes de 18 ans et plus » pour lutter contre les djihadistes. Selon Ilaria Allegrozzi, chercheuse sur le Sahel pour HRW, le régime militaire « utilise » cette mesure « d’urgence pour réduire au silence la dissidence pacifique et punir ses détracteurs ».

Les personnes visées par les « réquisitions » sont « entre autres, Bassirou Badjo et Rasmane Zinaba, membres du groupe de la société civile Balai citoyen », mouvement d’insurrection populaire qui avait mené à la chute de l’ancien président Blaise Compaoré en 2014.

« Des individus qui ont critiqué la junte »

HRW cite également Daouda Diallo, secrétaire général du Collectif contre l’impunité et la stigmatisation des communautés (CISC), ainsi que « Gabin Korbéogo, président de l’Organisation démocratique de la jeunesse du Burkina Faso (ODJ), et les journalistes Issaka Lingani et Yacouba Ladji Bama ».

L’ONG ajoute que, selon plusieurs médias, un anesthésiste, Arouna Louré, avait lui aussi été « réquisitionné » le 6 septembre suite à la publication sur Facebook d’un « commentaire sur la réponse de l’armée à l’insurrection islamiste ». « En ciblant des individus qui ont ouvertement critiqué la junte », celle-ci « viole les droits humains fondamentaux », signale l’ONG, qui indique que des journalistes « craignent d’être réquisitionnés » à leur tour.

Ce communiqué fait suite à des dénonciations similaires par des membres de la société civile burkinabée. Le Mouvement burkinabé des droits de l’homme et des peuples (MNDHP), la Confédération générale des travailleurs du Burkina (CGT-B) – un collectif de syndicats – et Balai citoyen s’étaient également indigné de « réquisitions » de personnes critiques du pouvoir.

Afp

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