Le 11 mai, le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM), principal groupe djihadiste du Burkina Faso, a attaqué et temporairement pris le contrôle de la ville de Djibo, au nord du pays. La province du Soum, où se trouve Djibo, est un bastion du GSIM depuis 2015. Bien que le groupe ait bloqué la ville depuis 2020 et y ait régulièrement lancé des raids, l’ampleur de l’offensive était sans precedent, a rapporté Crisis Group sur son Internet.
Selon cet organisme qui oeuvre pour la prévention et la résolution des conflits armés, cette attaque a été particulièrement violente. Des sources, selon cet organisme, ont indiqué que le JNIM a tué plus d’une centaine de civils, de soldats et de paramilitaires.
Les djihadistes ont également enlevé des dizaines de soldats et de civils, dont des femmes. Des vidéos du JNIM diffusées sur les réseaux sociaux montrent des insurgés pillant et détruisant le camp militaire, la gendarmerie et le quartier général de la police de Djibo. Des membres du groupe djihadiste ont également incendié un centre médical, une pharmacie et un marché, pillant ainsi les maigres réserves alimentaires.
Crisis Group ajoute dans son rapport que le JNIM a occupé la localité de Djibo de 5 h à 14 h, soit plus longtemps que lors de la précédente offensive contre la ville, le 26 novembre 2023.
Les autorités burkinabè ont dépêché un avion de chasse, mais celui-ci a fait demi-tour face aux tirs du JNIM. Pour des raisons inconnues, l’armée n’a pas utilisé ses drones armés. Après le retrait du JNIM, les autorités ont utilisé des hélicoptères pour déployer des dizaines de soldats dans la ville, que le gouvernement a depuis reprise.
Mais sans véhicules, ni artillerie, ni avions, ces troupes restent vulnérables aux attaques du JNIM, alors que la pression djihadiste sur Djibo se poursuit. Dans une vidéo publiée deux jours plus tard, Ousmane Dicko, numéro deux de la branche burkinabè du JNIM, a exhorté les civils à évacuer la ville.
Crisis Group rappelle que depuis début 2025, le Burkina Faso est le théâtre d’attaques quotidiennes du GSIM, qui ont entraîné des pertes record en vies humaines et en matériel militaire.
Ce groupe, créé en 2017 et opérant dans tout le Sahel central, a fait du Burkina Faso une cible de choix, mobilisant même des renforts maliens. Il a également commencé à viser les zones urbaines, affichant de manière inquiétante une photo de la capitale du Burkina Faso, Ouagadougou.
Se battre pour le contrôle des villes représenterait un changement stratégique majeur pour le groupe, qui ciblait principalement les villages et les petites villes jusqu’à récemment.
Deux jours après l’offensive de Djibo, le GSIM a attaqué et temporairement pris le contrôle de la ville de Diapaga, dans la région de l’Est.
Malgré la rhétorique auto-congratulante du gouvernement quant à ses victoires sur le djihadisme, cette vague d’attaques a montré l’urgence pour le régime militaire, arrivé au pouvoir en 2022, d’adapter son approche militaire pour vaincre les insurgés.
Les autorités n’ont pas encore réagi à cette attaque, mais des militants proches du régime ont reconnu l’issue de la bataille sur les réseaux sociaux. Fidèles à la propagande gouvernementale, ils affirment que l’armée a mis les djihadistes en déroute.
Il est inquiétant de constater que les forces armées pourraient aggraver les dégâts en cherchant à se venger des civils vivant près de Djibo. Elles ont ciblé ces communautés, soupçonnées de complicité avec les djihadistes, à la suite de l’attaque de novembre 2023.
L’ armée a également massacre des centaines de civils dans des circonstances similaires ailleurs. Pourtant, chaque nouveau massacre n’a fait qu’alimenter le recrutement djihadiste.
Crisis Group