La présidence de l’Union africaine (UA) va changer de main ce week-end lors du 33ème sommet de l’organisation panafricaine à Addis-Abeba, en Ethiopie. Le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi va passer la main à son homologue sud-africain Cyril Ramaphosa alors que le continent reste confronté à des défis sécuritaires majeurs.
En assumant la présidence de l’Union africaine le 10 février 2019, le président égyptien avait pour ambition la diplomatie préventive, l’accélération des préparatifs pour la zone de libre-échange africaine et la lutte contre le terrorisme.
L’Afrique en crise
Mais en 2019, plusieurs pays africains, notamment dans le Sahel, ont connu de nombreuses attaques djihadistes. La Libye, voisine de l’Egypte, est devenue le terrain d’une guerre civile où les intérêts internationaux s’entrechoquent. Le journaliste Sedik Abba estime que le bilan du président égyptien n’a pas été remarquable :
« Les principales crises n’ont pas connu d’avancées significatives dans leur résolution. La Libye, étant un pays voisin de l’Egypte, n’a pas connu d’avancée sous la présidence al-Sissi. On dira la même chose de la question du Sahel, du lac Tchad ou de la corne de l’Afrique » explique Sedik Abba.
En 2019, le Burkina Faso, le Mali et le Niger ont enregistré de nombreux morts lors des attaques de groupes armés terroristes. Mohamed Diata, chercheur à l’Institute of security studies d’Addis-Abeba, en revanche, salue le travail du président égyptien dans la crise qui a secoué le Soudan. Selon lui « l’Union africaine était assez réactive dans la crise au Soudan. Même s’il y a eu des critiques au sujet de l’approche. La présidence égyptienne n’était pas complètement silencieuse au sujet de l’intégration régionale, de la paix et de la sécurité. »
Depuis l’an dernier, un gouvernement de transition est à la tête du Soudan après une révolution qui a renversé le président Omar el-Béchir.
La Zleca
Pour sa part, la réforme de l’Union africaine n’a pas été poursuivie par le président égyptien, pourtant chère à son prédécesseur, le Rwandais Paul Kagamé, en 2018.
La présidence d’Abdel Fatah al-Sissi a été marquée par l’entrée en vigueur en mai 2019 de la zone de libre-échange africaine (Zleca).
Le continent souhaite, à travers la Zleca, augmenter le commerce intra-africain de 60% d’ici à 2022. Mais Mohamed Diata relativise l’influence du chef de l’Etat égyptien dans la mise en place de cette zone de libre-échange. Le lancement de la Zleca a eu lieu sous la présidence al-Sissi à Niamey, au Niger en juillet 2019. « La contribution des présidents Paul Kagamé et Mahamadou Isssoufou a été plutôt déterminante », analyse Sedik Abba.
Espoir
Faire taire les armes en 2020, c’est désormais l’objectif de l’Union africaine pour cette année. Le président sud-africain Cyril Ramaphosa pourrait faire bouger les lignes, selon Sedik Abba qui explique qu’« Il y a beaucoup d’espoir. Par le passé, l’Afrique du Sud a eu à exercer, même si c’était sous la présidence Zuma, la présidence de l’Union africaine. A cette occasion, on a pu voir une certaine volonté de faire avancer les choses. J’ai beaucoup plus d’espoir dans la présidence sud-africaine que dans la présidence al-Sissi qui finalement n’a pas été une présidence exceptionnelle pour le continent ».
Sedik Abba estime que le poids économique et diplomatique de l’Afrique du Sud est un atout décisif pour réussir une présidence de l’Union africaine.
DW Africa