Le président par intérim du Burkina Faso, Ibrahim Traoré, a déclaré jeudi que la Russie était devenue un allié stratégique clé, mais a nié que des mercenaires russes soutiennent les forces burkinabé dans leur lutte contre les groupes armés islamistes.
Les relations du pays d’Afrique de l’Ouest avec Moscou sont sous le feu des projecteurs après avoir expulsé les troupes françaises en février et mis fin à un accord qui permettait à la France d’y combattre les insurgés au milieu d’une montée du sentiment anti-français dans certaines parties de la région.
Dans une rare interview télévisée, on a demandé à Traoré qui étaient les alliés internationaux du Burkina Faso dans le conflit qui a tué des milliers de personnes et déplacé environ 2,5 millions dans la région élargie du Sahel au cours de la dernière décennie.
« Le départ de l’armée française ne signifie pas que la France n’est pas un allié« , a répondu Traoré. « Mais nous avons aussi des alliés stratégiques. Nous avons de nouvelles formes de coopération. La Russie, par exemple, est un allié stratégique. »
Il a déclaré que la Russie était un important fournisseur d’équipements militaires et qu’elle le resterait, sans donner plus de détails.
« Je suis satisfait de la coopération avec la Russie. C’est franc« , a-t-il dit, assis sur une chaise ornée en treillis militaire et un béret.
Les pays occidentaux s’inquiètent de l’influence croissante de la Russie dans le Sahel africain et ses régions frontalières. La France a retiré ses forces du Mali l’année dernière après que la junte a commencé à travailler avec l’entrepreneur militaire russe Wagner Group pour combattre les insurgés proches d’Al-Qaïda et de l’État islamique.
Traoré a été invité à commenter les informations selon lesquelles les forces de Wagner seraient également sur le terrain au Burkina Faso.
« Notre armée se bat seule« , a-t-il dit. « La présence de Wagner a été inventée pour nuire au Burkina, afin que les pays ne coopèrent pas avec nous. »
L’instabilité au Burkina Faso a déclenché deux coups d’État l’année dernière par l’armée, qui a juré de reprendre le contrôle du pays mais n’a jusqu’à présent pas réussi à arrêter les attaques.
Les troubles dans la région ont commencé au Mali voisin en 2012, lorsque les islamistes ont détourné un soulèvement séparatiste touareg. La violence s’est depuis propagée au Burkina Faso et au Niger et menace de déstabiliser les pays côtiers plus éloignés.
Reuters
