Le Nigéria a franchi un seuil critique sur le plan économique. La dette publique totale du pays a atteint le chiffre record de 149 300 milliards de nairas soit environ 101 milliards de dollars US), selon les dernières données publiées par le Bureau national des statistiques (NBS) et la Debt Management Office (DMO).
Cette dette comprend aussi bien les engagements intérieurs qu’extérieurs de l’État. Le rapport du DMO précise que cette augmentation est principalement due à l’émission de nouveaux emprunts destinés à financer les déficits budgétaires, à la dépréciation du naira face aux devises étrangères, ainsi qu’à l’absorption de dettes des entités subnationales.
La dette publique a enregistré une progression de plus de 100 % en un an, alimentée par la montée en flèche des emprunts et l’instabilité macroéconomique persistante. En juin 2024, la dette s’élevait à environ 87 300 milliards de nairas, ce qui souligne l’accélération spectaculaire de l’endettement en seulement douze mois.
Les analystes économiques expriment leur vive inquiétude face à cette tendance. « Cette trajectoire de dette n’est pas soutenable à long terme, surtout en l’absence de réformes structurelles profondes pour élargir la base fiscale et diversifier les revenus de l’État », ont alerté plusieurs économistes nigérians à Lagos.
Selon le ministère des Finances, le service de la dette, c’est-à-dire le remboursement des intérêts et du principal, représente désormais près de 70 % des recettes publiques, ce qui limite la capacité du gouvernement à investir dans les infrastructures tels que la santé ou l’éducation.
Le président Bola Ahmed Tinubu, confronté à une pression croissante, a récemment défendu les politiques budgétaires de son administration, arguant que les emprunts visaient à stimuler la croissance économique à travers des projets stratégiques. Toutefois, les critiques pointent un manque de transparence et une faible efficacité dans l’exécution budgétaire.
Des voix s’élèvent au sein de la société civile, du secteur privé et même de certains cercles politiques pour réclamer un audit complet de la dette publique et un moratoire sur les nouveaux emprunts.
Pour l’avis de plusieurs économistes, le Nigéria doit impérativement mettre en place une stratégie nationale de réduction de la dette, renforcer la collecte des impôts et stopper l’hémorragie des dépenses inutiles.
