
À Antananarivo, la tension a franchi un nouveau seuil ce samedi avec l’annonce de mutineries au sein de l’armée malgache. Alors que le président Andry Rajoelina a quitté la capitale pour une destination encore inconnue, une unité des forces armées a annoncé publiquement son ralliement aux manifestants. « Fermez les portails et attendez nos instructions. N’obéissez plus aux ordres venant de vos supérieurs », aurait ordonné le colonel Randrianirina Michaël, un ex-commandant du bataillon d’infanterie de Toliara à ses hommes, selon des sources militaires concordantes.
Depuis plusieurs semaines, Madagascar est secouée par une vague de contestations sans précédent, initiée par une frange de la jeunesse urbaine et des mouvements civiques. Les manifestants dénoncent la détérioration des conditions de vie, les coupures d’électricité récurrentes, la flambée des prix et ce qu’ils qualifient de « dérive autoritaire » du régime. Malgré les promesses de réformes économiques et de gouvernance, la colère populaire n’a cessé de s’amplifier, touchant désormais les grandes villes de province.
Les récentes déclarations du président Rajoelina, jurant qu’il « démissionnerait si les problèmes de délestage ne sont pas réglés d’ici un an », n’ont pas apaisé les tensions. Au contraire, elles ont été perçues par une partie de la population comme une provocation, alors que le quotidien reste marqué par la pauvreté et le chômage des jeunes. Les rassemblements, d’abord pacifiques, ont progressivement tourné à la confrontation avec les forces de l’ordre. Plusieurs blessés ont été signalés lors des dernières manifestations à Antananarivo et à Toamasina.
L’entrée d’une unité militaire dans le mouvement marque un tournant inquiétant. Les observateurs craignent une fragmentation des forces de sécurité et une possible escalade de la crise politique. L’état-major n’a pour l’instant fait aucune déclaration officielle, mais des sources proches du ministère de la Défense évoquent des discussions d’urgence pour éviter un embrasement généralisé.
Sur le plan international, plusieurs partenaires de Madagascar appellent au calme et au dialogue. L’Union africaine et les Nations unies ont exhorté le gouvernement à privilégier la concertation et à garantir le droit de manifester pacifiquement. Dans un climat d’incertitude grandissante, les Malgaches retiennent leur souffle, redoutant un scénario de confrontation ouverte entre civils et militaires. Le pays, encore marqué par les crises politiques de 2009 et de 2018, se retrouve à nouveau à la croisée des chemins.









