
Dimanche 21 septembre, les Guinéens ont été appelés aux urnes pour se prononcer sur une nouvelle constitution. Ce scrutin, présenté par les autorités de transition comme une étape vers la refondation institutionnelle du pays, suscite pourtant de vives interrogations. Au cœur des débats : la possibilité qu’il ouvre la voie à une candidature du chef de la junte, le général Mamady Doumbouya, malgré son engagement initial à ne pas briguer la présidence.
Lorsque le colonel, devenu depuis général, Doumbouya a renversé Alpha Condé en septembre 2021, il avait justifié son intervention par la nécessité de « sauver la nation » et de mettre fin aux dérives d’un pouvoir jugé autoritaire. Dans ses premières déclarations, il avait insisté sur le caractère transitoire de son rôle, promettant solennellement de ne pas se porter candidat aux futures élections. Quatre ans plus tard, la dynamique semble avoir changé. La nouvelle constitution, dont le contenu a été peu débattu dans l’espace public, inclut des dispositions qui pourraient lever les restrictions à une éventuelle candidature de l’actuel chef de l’État de transition.
Cette évolution nourrit les accusations de confiscation du pouvoir. Pour de nombreux observateurs, le référendum apparaît moins comme une réforme destinée à consolider la démocratie que comme une manœuvre politique visant à prolonger le règne de la junte. Les comparaisons avec d’autres pays africains, où les transitions militaires se sont transformées en présidences électorales durables, sont inévitables.
Du côté des partisans du processus, l’argument principal repose sur la nécessité de doter la Guinée d’institutions solides, adaptées aux réalités actuelles. Ils mettent en avant l’importance d’un nouveau cadre juridique pour tourner la page des crises politiques passées. Cependant, les critiques soulignent l’opacité du processus, le manque de concertation nationale et la marginalisation de certaines forces politiques et de la société civile.
Ce référendum met donc en lumière un dilemme central : celui de la crédibilité de la parole donnée par les dirigeants militaires. La promesse de neutralité politique, formulée en 2021, semble désormais fragilisée. Pour beaucoup de Guinéens, le risque est que le processus enclenche une nouvelle ère d’incertitudes, où la transition tant attendue vers un régime démocratique cède la place à une consolidation du pouvoir personnel.
Au lendemain du scrutin, les regards se tourneront vers le général Doumbouya : respectera-t-il son serment initial de rester en dehors de la compétition électorale, ou choisira-t-il de rejoindre la longue liste des dirigeants africains ayant transformé une transition en présidence ?









