
À un mois du scrutin présidentiel prévu le 25 octobre 2025, le climat politique en Côte d’Ivoire se tend davantage. L’interpellation de deux militants proches de l’ancien président Laurent Gbagbo, Blaise Lasm et Dahi Nestor, le 30 septembre, marque un nouvel épisode dans la confrontation entre le pouvoir et l’opposition. Ces deux figures avaient déjà connu des démêlés judiciaires en août dernier. Leur arrestation et leur déferrement à la Maison d’arrêt et de correction d’Abidjan sont perçus par une partie de l’opinion comme une illustration supplémentaire de la fragilité du débat démocratique dans le pays.
Au cœur des tensions se trouve la décision controversée du Conseil constitutionnel du 8 septembre dernier, écartant plusieurs personnalités de premier plan de la course à la présidence. Parmi elles, l’ancien chef de l’État Laurent Gbagbo, figure historique de l’opposition, mais aussi Tidjane Thiam, ancien directeur général du Crédit Suisse, ainsi que Guillaume Soro, Charles Blé Goudé et Pascal Affi N’Guessan. Ce verdict a réduit le champ politique à une poignée de candidats dont l’influence reste limitée face au président sortant Alassane Ouattara, candidat à un quatrième mandat.
Pour certains observateurs, ces exclusions mettent en lumière une élection sans véritable compétition. Le paysage politique ivoirien apparaît déséquilibré, car les figures capables de fédérer des bases électorales larges et diversifiées en ont été écartées. La perspective d’un scrutin jugé « joué d’avance » soulève des interrogations sur la légitimité du futur vainqueur et sur la capacité des institutions à garantir une alternance pacifique.
Les tensions ne sont pas seulement politiques. Elles portent aussi en germe des risques de fractures sociales et communautaires. L’histoire récente du pays, marquée par les violences post-électorales de 2010-2011 qui avaient fait plus de 3 000 morts, reste encore vivace dans les mémoires. De nombreux analystes redoutent que la marginalisation de leaders populaires tels que Gbagbo ou Thiam, alimente frustration et ressentiment au sein de leurs bases, créant un climat propice à des affrontements.
Face à ces inquiétudes, plusieurs voix appellent au dialogue et à l’apaisement. Des organisations de la société civile et des partenaires internationaux insistent sur la nécessité d’élections inclusives et crédibles, seule garantie pour renforcer la démocratie et préserver la stabilité dans un pays considéré comme l’une des principales locomotives économiques d’Afrique de l’Ouest.
À l’approche du 25 octobre, l’enjeu dépasse donc la simple compétition électorale. Il s’agit aussi de savoir si la Côte d’Ivoire parviendra à conjuguer démocratie, pluralisme et cohésion sociale, ou si elle s’enfoncera dans une nouvelle période de crispation politique.









