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Cameroun : l’intelligence artificielle : ennemie ou alliée des journalistes ?

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photo montrant les journalistes en atelier de formation

Après un atelier de formation des journalistes camerounais sur l’intelligence artificielle, plusieurs d’entre eux ont été déboussolés, en se posant des questions sur leur avenir et celui de leur profession. Parmi ces questions figure celle-ci : l’intelligence artificielle est-elle l’ennemie ou l’alliée des journalistes ?

Le 3 mai 2023, à l’occasion de la Journée internationale de la liberté de la presse, le Syndicat national des journalistes du Cameroun a organisé un atelier de formation à Douala autour du thème ‘’L’impact des IA génératrices sur les médias et la perception de la vraie information’’. Au terme de cette journée fort chargée, beaucoup de journalistes se demandaient si l’intelligence artificielle ne devait pas absorber ou faire disparaitre leurs emplois pour les plus pessimistes ; ou alors pour quelques optimistes, si cette technologie était l’ennemie ou l’alliée de la presse.

L’intelligence artificielle est l’alliée des journalistes

Qu’est-ce qu’un ennemi ? C’est une personne qui est hostile et cherche à nuire. C’est une personne qui a de l’aversion, de l’éloignement. Qu’est-ce qu’un allié ? C’est une personne qui apporte à une autre son appui, prend son parti. A la lumière des différents points abordés pendant l’atelier à savoir : l’impact de l’IA génératrice sur les médias ; les enjeux éthiques de lA génératrice sur les médias ; les limites et les perspectives de l’IA génératrice dans les médias en Afrique et au Cameroun ; et à la suite de la démonstration pratique effectuée afin de montrer comment fonctionne cette nouvelle technologie, autant le dire tout suite, l’intelligence artificielle est l’alliée des journalistes.

Elle leur apporte plutôt son appui dans l’exercice de leur travail. Ceux-ci n’ont pas à craindre de perdre leurs emplois à cause de cette technologie sophistiquée qui semble tout faire. Elle a tout de même des limites et des inconvénients sur lesquels les journalistes peuvent surfer afin de travailler avec plus d’harmonie et en tout quiétude.

Le terme « intelligence artificielle » a été créé par John McCarthy, un informaticien américain décédé en 2011. Il est le principal pionnier de l’intelligence artificielle avec Marvin Lee Minsky. L’intelligence artificielle est souvent abrégé par le sigle « IA » (ou « AI » en anglais, pour artificial intelligence). McCarthy la définit ainsi : « C’est la science et l’ingénierie de la fabrication de machines intelligentes, en particulier de programmes informatiques intelligents. Elle est liée à la tâche similaire qui consiste à utiliser des ordinateurs pour comprendre l’intelligence humaine, mais l’IA ne doit pas se limiter aux méthodes qui sont biologiquement observables.» Elle est également définie par l’un de ses créateurs, Marvin Lee Minsky, comme « la construction de programmes informatiques qui s’adonnent à des tâches qui sont, pour l’instant, accomplies de façon plus satisfaisante par des êtres humains car elles demandent des processus mentaux de haut niveau tels que : l’apprentissage perceptuel, l’organisation de la mémoire et le raisonnement critique ». On y trouve donc le côté « artificiel » atteint par l’usage des ordinateurs ou de processus électroniques élaborés et le côté « intelligence » associé à son but d’imiter le comportement. Cette imitation peut se faire dans le raisonnement, par exemple dans les jeux ou la pratique des mathématiques, dans la compréhension des langues naturelles, dans la perception : visuelle (interprétation des images et des scènes), auditive (compréhension du langage parlé) ou par d’autres capteurs, dans la commande d’un robot dans un milieu inconnu ou hostile.

Comme nous le voyons à travers son concepteur et son acolyte, l’intelligence artificielle n’est pas née de manière spontanée.

C’est la résultante des découvertes scientifiques observées depuis des siècles et qui ont révolutionné le monde progressivement. Au fil du temps, l’homme a commencé à utiliser des machines pour faciliter la vie à ses semblables. L’invention de la robotique obéissait à cette logique. De nos jours, différents domaines et la liste n’est pas   exhaustive, bénéficie de cette technologie : la robotique industrielle, la robotique domestique, la robotique médicale, la robotique militaire, la robotique sociale, la robotique scientifique.

Les machines ont également été utilisées pour remplacer des humains dans certaines activités professionnelles : les guichets automatiques (une autre forme de robotique) dans le domaine bancaire existent, mais cela n’empêche pas le recrutement des humains pour occuper et servir dans les guichets. De même dans la restauration, on voit dans les pays les plus industrialisés les machines qui servent les repas aux clients ; et pourtant le métier de serveur n’a pour autant pas disparu de la société.

L’objectif, vous l’avez certainement compris, est de montrer que malgré l’intelligence artificielle qui ne peut pas tout faire, beaucoup d’activités professionnelles n’ont pas disparu et s’adaptent convenablement aux mutations temporelles et contemporelles. Le journalisme en ferait autant et s’en porterait mieux.

L’intelligence artificielle ne remplacera jamais une conférence de rédaction 

C’est la raison pour laquelle les tenants du quatrième pouvoir doivent avoir en permanence à l’esprit que l’intelligence artificielle ne remplacera jamais une conférence de rédaction ; l’intelligence artificielle ne remplacera jamais la chaleur d’un confrère, les sautes d’humeur du rédacteur en chef ou encore le sourire magnifique d’une consœur ; l’intelligence artificielle ne vérifiera jamais ses informations avant de les publier (c’est la responsabilité du journaliste) ;  l’intelligence artificielle a un problème de confidentialité des données, d’éthique et de cohérence, des principes qui font partie des fondamentaux du journalisme.

A y regarder de près on se rend compte que les machines Chat gpt, Fliki, Namelix, Writesonic, Andi, Craiyon, Talk to book…n’interagissent pas entre elles et sont donc incapables de faire des choix défiant leurs fonctions de base limitées. Qui plus est, ces fonctions peuvent être contraires aux règles morales et sociales qui définissent notre société, résultat d’échanges, d’organisations et d’évolutions qui sont des domaines incompréhensibles pour les machines.

Il est donc impossible d’imaginer laisser à une intelligence artificielle la charge de décider qui va être soigné ou non en cas de crise, si une personne menaçante doit être exécutée, quelle personne privilégier dans un incendie… C’est dire tout simplement que l’une des plus grandes limites de l’IA est son incapacité à posséder du bon sens. Les systèmes d’IA sont formés à l’aide d’ensembles de données et d’algorithmes spécifiques, et ils ne peuvent prendre des décisions qu’en fonction des informations sur lesquelles ils ont été formés.

En somme, la place de l’humain demeure au centre du métier de journalisme. Cependant comme dans cette ère au sein de laquelle nous vivons, les inventions voient le jour très rapidement et parfois simultanément, il est important, et même urgent que le journaliste apprenne à vivre avec les évolutions de son époque. Pour donc être plus performant dans l’exercice de son métier, il doit absolument se perfectionner en participant à des séminaires de renforcement des capacités afin d’être toujours au diapason des dernières et/ ou des récentes découvertes scientifiques et technologiques. C’est à ce prix qu’il fera de l’intelligence artificielle, son alliée de toujours et en tout temps.

Serge Hengoup

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