Dans la nuit du 13 au 14 octobre 2025, à la suite de l’élection présidentielle, Issa Tchiroma Bakary, l’un des candidats en lice, a fait une déclaration surprenante en s’autoproclamant vainqueur, bien avant que l’organe électoral officiel, ELECAM, n’ait terminé la compilation des résultats. Dans une prise de parole via les réseaux sociaux, l’ancien ministre démissionnaire du gouvernement de Paul Biya a appelé ce dernier à reconnaître sa défaite, évoquant la « victoire du peuple camerounais » et menaçant de conséquences graves si le régime refusait de respecter ce qu’il considère comme une vérité des urnes.
Tchiroma, une figure politique ayant quitté le gouvernement deux mois auparavant en raison de divergences internes, a exhorté ses partisans à rester mobilisés et à veiller à ce que la victoire qu’il revendique soit respectée. Selon lui, son élection est un signal fort d’un changement à la tête du pays, qui marquerait la fin du régime de Paul Biya. Cependant, cette démarche, qui s’écarte des processus institutionnels, pourrait ouvrir la voie à de graves tensions.
Un peu plus tôt, le ministre de l’Administration du Territoire, Paul Atanga Nji, a réagi fermement, qualifiant toute auto-proclamation de tentatives de déstabilisation du pays. Il a averti que les autorités ne toléreraient aucun acte de violence ni perturbation de l’ordre public. « Les fauteurs de troubles seront traités avec la plus grande fermeté », a-t-il déclaré, laissant entendre que le gouvernement pourrait recourir à des moyens puissants pour contrer toute insurrection.
L’auto-proclamation de Tchiroma soulève des inquiétudes quant aux risques d’une insurrection armée ou d’un soulèvement populaire, surtout dans un contexte déjà fragilisé par les tensions politiques et sociales. Bien que la déclaration de Tchiroma semble avoir rencontré un écho favorable chez ses partisans, elle peut aussi exacerber les divisions au sein de la population. Le Cameroun a récemment connu plusieurs mouvements sociaux et manifestations violentes dans le passé, notamment dans les régions anglophones, où la situation est encore tendue.
En l’absence de la validation officielle des résultats, l’incertitude reste entière. Les appels à la reconnaissance d’une victoire prématurée risquent de mettre à mal le processus démocratique, de fragiliser les institutions et de provoquer des vagues de violence, menaçant la stabilité du pays.
Si la situation venait à dégénérer, le Cameroun pourrait faire face à des troubles de grande ampleur. Les autorités, quant à elles, semblent prêtes à tout pour préserver l’ordre et contrer toute tentative de déstabilisation, renforçant ainsi la pression sur un pays déjà aux prises avec des défis de gouvernance.
