
L’attaque sanglante survenue à Djibo le 9 octobre, dans le nord du Burkina Faso, a plongé le pays dans une nouvelle onde de choc. Plus de 125 soldats burkinabè ont trouvé la mort dans cet assaut d’une violence inouïe, mené par des groupes armés non identifiés mais présumés appartenir au JNIM, une nébuleuse jihadiste active dans la région. Parmi les victimes figurent de nombreux éléments du Bataillon d’Intervention Rapide (BIR) de Kongoussi, presque entièrement décimé lors de l’opération.
Cette attaque, l’une des plus meurtrières depuis le début de l’année, a provoqué une vive indignation au sein des forces armées. Dans les casernes de Kongoussi, Kaya et Dori, la colère gronde. Les soldats dénoncent un manque criant de coordination, d’appui aérien et de moyens logistiques adaptés à l’ampleur de la menace. « Nous combattons avec courage, mais souvent sans soutien ni renseignement suffisant », confie sous anonymat un sous-officier en poste dans le Centre-Nord.
Depuis plusieurs années, le Burkina Faso, comme ses voisins sahéliens, fait face à une spirale de violences jihadistes qui s’intensifie malgré les opérations de reconquête engagées par le pouvoir du capitaine Ibrahim Traoré. Les attaques contre les positions militaires et les populations civiles se multiplient, forçant des milliers d’habitants à fuir leurs localités. Selon les organisations humanitaires, plus de deux millions de Burkinabè sont aujourd’hui déplacés internes, tandis que plusieurs axes routiers stratégiques demeurent coupés.
Au-delà de la tragédie de Djibo, cet épisode met en lumière la complexité de la guerre asymétrique que mène le Burkina Faso. Les groupes armés exploitent la porosité des frontières avec le Mali et le Niger, profitant de la désorganisation étatique pour imposer leur emprise sur certaines zones rurales.
Face à la montée du désarroi dans les rangs de l’armée, le capitaine Ibrahim Traoré se retrouve confronté à un défi majeur : restaurer la confiance des troupes et consolider la cohésion interne, alors que l’opinion publique s’interroge sur l’efficacité des stratégies anti-terroristes mises en œuvre.
L’attaque de Djibo sonne ainsi comme un rappel brutal de la fragilité sécuritaire du Burkina Faso et, plus largement, du Sahel. Une région où l’État, malgré les discours de fermeté, peine encore à reprendre le contrôle total de son territoire face à la menace terroriste grandissante.









