
Le 29 octobre 2025, la junte militaire au pouvoir au Burkina Faso a annoncé la dissolution de la Commission électorale indépendante (CENI), une institution clé, créée en 1998 pour organiser et superviser les élections dans le pays. Cette décision marque une nouvelle étape dans le processus de consolidation du pouvoir militaire, après plusieurs mois de gouvernance par les autorités militaires qui ont pris le contrôle du pays à la suite de coups d’État successifs.
La CENI, qui avait pour rôle de garantir l’équité et la transparence des scrutins, est désormais remplacée par le ministère de l’Administration territoriale, dirigé par un membre de la junte. Cette réforme a pour objectif, selon les autorités, de « rationaliser » l’organisation des élections. Toutefois, cette décision soulève des interrogations sur la neutralité de l’organisation des élections à venir, notamment avec la concentration accrue du pouvoir entre les mains des militaires.
La dissolution de la CENI signifie également la suppression de l’un des derniers contre-pouvoirs institutionnels du pays, qui jouait un rôle de surveillance dans le processus électoral. Les observateurs estiment que cette évolution pourrait affaiblir la crédibilité des futures élections au Burkina Faso et aggraver les tensions politiques, notamment au sein de l’opposition qui considère ces changements comme une manœuvre de la junte pour assurer sa domination sur la scène politique.
Cette décision s’inscrit dans un contexte régional et international où les coups d’État militaires sont devenus une réalité de plus en plus fréquente, en particulier au Sahel. Le Burkina Faso, tout comme ses voisins du Mali et du Niger, est confronté à une situation sécuritaire complexe, marquée par des attaques répétées de groupes armés. La junte, qui justifie son pouvoir par la nécessité de lutter contre le terrorisme, se trouve ainsi dans une position délicate, devant jongler entre la gestion des crises internes et les attentes internationales en matière de respect des principes démocratiques.
La dissolution de la CENI soulève également des préoccupations au sein de la communauté internationale, qui suit de près l’évolution politique du pays. Plusieurs acteurs internationaux, dont l’Union africaine et la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), ont déjà exprimé leur inquiétude face à la concentration du pouvoir militaire au Burkina Faso et appellent à un retour à l’ordre constitutionnel.
Cette évolution marque un tournant dans le processus démocratique du Burkina Faso, dont l’avenir politique semble plus incertain que jamais.









