
L’avenir de la monnaie unique ouest-africaine, l’ECO, si chère à Alassane Ouattara prend une nouvelle tournure. Après plusieurs reports et controverses, les chefs d’État de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) ont annoncé une réforme complète de l’ECO en 2026, visant à repenser les fondements économiques, institutionnels et politiques du projet.
Initialement prévu pour 2020, le lancement de l’ECO avait été reporté à plusieurs reprises, notamment en raison des divergences entre les pays anglophones et francophones, mais aussi de la pandémie de COVID-19. Aujourd’hui, la réforme de 2026 ambitionne de relancer le projet sur des bases plus solides, tenant compte des réalités économiques post-pandémie et des dynamiques géopolitiques régionales.
Selon les premières informations communiquées par la Commission de la CEDEAO : le nouveau projet de réforme de l’ECO contient de quatre axes majeurs:
Premièrement, une nouvelle feuille de route qui indique que la nouvelle réforme prévoit une convergence macroéconomique plus flexible, axée sur la stabilité budgétaire mais aussi sur la croissance inclusive.
Deuxièmement, l’indépendance de la Banque centrale de l’ECO qui prévoit un organe monétaire plus autonome basé à Abuja ou Accra sera mis en place, en remplacement progressif du rôle de la Banque Centrale des États de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO).
Quatrièmement, la refonte du mécanisme de change qui favorise l’arrimage au franc CFA et donc à l’euro, actuellement décrié,. Il devra donc être réexaminé, avec des propositions de transition vers un système de change flexible ou hybride.
Et enfin le renforcement des institutions régionales qui envisage des réformes juridiques et institutionnelles. Lesquelles accompagneront le processus de reforme pour garantir une gouvernance transparente et inclusive.
Alors que certains dirigeants saluent un « nouveau départ réaliste », des économistes et acteurs de la société civile restent sceptiques.
Du côté des populations, l’annonce suscite autant d’espoir que de prudence. Nombreux sont ceux qui redoutent une « réforme de façade », surtout si les intérêts des puissances extérieures, notamment la France, continuent d’influencer le processus.
Ce projet de réforme intervient dans un contexte marqué par l’affirmation des pays de l’AES (Alliance des États du Sahel) et une remise en question des anciennes influences coloniales.
La réussite ou l’échec de la réforme de l’ECO pourrait bien redessiner les équilibres politiques et économiques en Afrique de l’Ouest.
Un sommet extraordinaire de la CEDEAO est prévu en décembre 2025 à Lomé pour adopter le plan opérationnel de cette réforme.